A près plusieurs phlébites, Rachel est sous anticoagulants. Ses règles, c’est pas tant qu’elles soient douloureuses qui lui pose problème. C’est qu’elles sont abondantes. Elle me consulte. « On ne peut pas m’enlever l’utérus ? » Elle a déjà quatre filles, toutes à charge. Elle n’a pas l’intention de remettre le couvert. L’opération est remboursée par la Sécu. Alors qu’à cinq femmes à la maison, les règles, ça coûte. En un an, le prix du paquet de serviettes périodiques a augmenté de 25 centimes ; 30 centimes, pour la boîte de tampons. Le budget menstruel de la famille de Rachel, c’est 500 euros par an. Plus de 4 millions de femmes sont victimes de précarité menstruelle. Deux fois plus qu’en 2021. Un tiers des femmes ont déjà manqué de protections faute de moyens. Dans un contexte inflationniste, retarder le change d’une protection fait partie des astuces entrées dans le quotidien de nombreuses Françaises qui ne sont pas considérées comme défavorisées. Avec des conséquences non négligeables : infections urinaires ou vaginales potentiellement graves. Élisabeth Borne a annoncé le remboursement des protections réutilisables pour les moins de 25 ans dès 2024. Soit. Mais comment font les autres ? Le projet de loi du groupe écologiste visant à créer un congé menstruel a la faveur de la Première ministre. Pour s’aligner sur l’innovation de l’Espagne ? Est-ce œuvrer pour l’égalité femme-homme que d’accorder un congé à une femme pour qu’elle reste souffrir chez elle ? Comment devra-t-elle justifier sa douleur ou son inconfort ? Comment les employeurs géreront les cycles irréguliers des salariées ? Quid du risque de discrimination à l’embauche ? Supprimer la TVA sur les produits d’hygiène serait concrètement une mesure juste. Déployer des budgets pour mettre à disposition des protections gratuites dans les collèges, les lycées et les espaces publics aiderait utilement les femmes dans leurs périodes, dans la période.