« Loin du cœur et loin des yeux, de nos villes de nos banlieues, l’Éthiopie meurt peu à peu... »

par Lydie LYMER
Publié le 23 septembre 2022 à 15:09

L’Éthiopie est une République fédérale divisée en dix régions autonomes. Un conflit armé oppose le gouvernement central et les autorités tigréennes issues du Front de Libération du Peuple du Tigré depuis novembre 2020. Cette guerre silencieuse marquée de massacres, de viols et de tortures, a déjà fait des milliers de morts. Les pénuries alimentaires se sont multipliées, les médicaments manquent cruellement, et l’accès aux soins et aux services essentiels est restreint. En avril 2022, Amnesty International estimait que « 22 millions de personnes nécessiteraient une aide humanitaire urgente ». Dans les régions du Tigré, d’Afar et d’Amhara, « 5,5 millions de personnes souffriraient de malnutrition ». La famine ravage le pays qui importe 67 % de son blé de Russie et d’Ukraine. Le manque de précipitations sur plusieurs années consécutives a provoqué l’une des pires urgences climatiques enregistrées depuis quarante ans. Compromettant leur sécurité, des familles entières quittent leur domicile pour échapper à la faim ou à la soif. 2,6 millions de personnes auraient été déplacées en ÉthiopieSans eau, les cultures ne poussent pas et le bétail meurt. Faute de nourriture et d’eau salubre, les enfants sont exposés à un risque élevé de malnutrition. La population est confrontée à de nombreuses épidémies : malaria, anthrax, choléra, hépatites. Selon l’UNICEF, « 10 millions de personnes dont 4,4 millions d’enfants ont un besoin urgent d’aide humanitaire dans les zones touchées par la sécheresse en Éthiopie  ». Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé critique vivement l’indifférence internationale au sujet de la situation dans la région du Tigré, qu’il décrit comme «  la pire catastrophe dans le monde  ». Il s’insurge de n’avoir « entendu aucun chef d’État évoquer la crise dans cette région », alors que « quand on parle de crise humanitaire, la situation au Tigré est pire qu’en Ukraine ». Scandalisé par le silence des pays dits développés, il se demande si « le monde accorde vraiment la même attention aux vies des Noirs et à celles des Blancs  ». Une chose est sûre, c’est que le seul traitement qui puisse mettre un terme à toutes ces maladies évitables, c’est la paix.

  • UNICEF : Fonds international de secours à l’enfance des Nations Unies.