Piqués de grève

par Lydie LYMER
Publié le 30 décembre 2022 à 13:53 Mise à jour le 29 décembre 2022

Répondant à l’appel du collectif Médecin pour demain, de nombreux généralistes ont fermé leur cabinet depuis le 26 décembre. Une grève « malvenue », selon François Braun, dans « une semaine de tous les dangers » due à la triple épidémie de grippe, de bronchiolite et de Covid. Le malaise est profond. En 2016, le Conseil National de l’Ordre des Médecins consultait l’ensemble des généralistes et spécialistes. Plus de 95 % des praticiens déclaraient subir trop de contraintes réglementaires, économiques et administratives amputant le temps dédié à leurs patients. Leur profession constitue avant tout une vocation. Mais ils estiment avoir des devoirs envers le patient, alors qu’ils sont soumis aux pratiques de la caisse d’Assurance Maladie parfois humiliantes et vexatoires. Imaginez un délégué de la caisse, triturant son porte-documents. Graphiques et camemberts à l’appui, il démontre au médecin le poids qu’il représente dans les dépenses de santé. Il fixe les objectifs à atteindre. Car ce sont les médecins qui ont creusé le trou de la Sécu, c’est bien connu. Ce n’est pas l’explosion du taux de chômage et la diminution des cotisations sociales. Le délégué vient donc expliquer au praticien qui a usé ses fonds de jeans sur les bancs de la fac et passé des nuits blanches aux urgences comment soigner les gens en dépensant moins. Devant tant de mépris, on peut comprendre que le médecin qui consacre environ 13 heures par semaine à des tâches administratives qui lui sont transférées soit en colère. Il serait intéressant de savoir combien de postes ont été supprimés à l’Assurance Maladie sur le dos des toubibs relégués à un rôle de gare de triage pour remplir des dossiers, demander des ententes préalables ou télétransmettre des feuilles de soin. Est-ce que le doublement du prix de la consultation provoquera un choc d’attractivité ? Pas sûr. En quoi la revalorisation de la consultation améliorerait les conditions de travail ? Il faudrait déjà diminuer la pression sur la profession. Et soigner la formation des internes plutôt que les envoyer faire une dixième année d’études en zone sous dotée. En attendant, je vous souhaite une bonne année. Et surtout … une bonne santé !