Sans toit ni loi

par Lydie LYMER
Publié le 10 février 2023 à 15:51

« Apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans-abri », c’était un engagement d’Emmanuel Macron réaffirmé en 2018.  Le loyer des logements anciens a augmenté de 29 % durant le premier quinquennat.  Le nombre de SDF a doublé en dix ans. 300 000 personnes sont à la rue. Deux sur cinq sont des femmes. La plupart avec des enfants.  C’est un constat établi par la fondation Abbé-Pierre qui a rendu son 28e rapport annuel : plus de 12 millions de Français sont fragilisés par le mal-logement.  Les ménages appauvris consacrent 35 % de leurs revenus à leurs dépenses logement. Il leur reste pour vivre un budget inférieur à 65 % du seuil de pauvreté. Les bailleurs constatent une hausse de 10 % des impayés au dernier trimestre 2022. Le Sénat vient d’adopter une loi « anti-squat » qui tend à concerner aussi les « mauvais payeurs ». En viendrait-on à criminaliser la pauvreté ? Les locataires économisent sur le contenu de leur assiette et sur le chauffage. Ou s’entassent dans un appart’. La surpopulation favorise la transmission d’agents infectieux. Dans les passoires thermiques, la présence de moisissures entraîne des pathologies respiratoires. Le froid est responsable de problèmes articulaires. Ces conditions de vie génèrent anxiété, dépression et sont le berceau des violences intra-familiales. 3,5 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique, dont plus de la moitié dans le parc social. Face à l’inflation, la politique de logement social ne suit pas. Les moyens alloués aux HLM ont baissé de 1,3 milliard d’euros entre 2017 et 2022. Pourtant, la qualité du parc locatif est un véritable enjeu de santé publique. La santé des populations est en lien étroit avec la qualité du logement et leur localisation.  Outre une action concrète en faveur du climat et du pouvoir d’achat, la rénovation de l’ensemble des passoires énergétiques d’ici 2028 permettrait d’éviter des coûts de santé de près de dix milliards d’euros par an. Une donnée non négligeable à l’heure où le gouvernement défend une réforme des retraites pour dégager 18 milliards d’ici 2030.