« ll n’y aura pas de RSA pour les moins de 25 ans », a rappelé le gouvernement, par la voix de son Premier ministre, Jean Castex.Étendre le revenu de solidarité active aux 800 000 jeunes sans formation ni emploi équivaudrait à moins de 5 milliards d’euros. Cette information est à mettre en relation avec la suppression maintenue de l’impôt sur la fortune (ISF). Un cadeau fiscal épargnant les plus riches, qui prive les caisses publiques de plus de 4 milliards d’euros chaque année. Cette superposition est un révélateur des choix fondamentaux prévalant actuellement au sommet de l’État.Ces options gouvernementales interviennent alors que les annonces des mauvais chiffres sociaux se succèdent. Le Secours populaire, le Secours catholique, le Secours protestant et les Restos du cœur, qui ont démarré, inquiets, leur 36eme campagne, alertent sur le nombre grandissant de personnes en situation de précarité. Les jeunes sont particulièrement touchés, notamment celles et ceux qui ont quitté leur famille pour vivre leur vie. Avec la crise sanitaire et les confinements, les petits boulots ont disparu, les embauches sont gelées.
Selon le Centre d’observation de la société, les jeunes adultes de 18 à 29 ans sont la catégorie d’âge pour laquelle la progression de la pauvreté a été la plus forte ces quinze dernières années : leur taux a augmenté de 8,2 % à 12,6 % entre 2002 et 2017, soit une progression de 50 %. Nous l’évoquions ici même la semaine passée, quelque 180 élus locaux représentant 10 millions de femmes et d’hommes ont écrit une lettre à Emmanuel Macron. Ils ont lancé un véritable SOS demandant que 1 % des 100 milliards d’euros du plan de relance soient réservés aux territoires dont la « détresse sociale et économique » a été aggravée par la crise sanitaire. Ce 1 % doit aller prioritairement vers la jeunesse en difficulté, précisent les signataires de cet appel, hautement conscients du danger de voir une partie de la jeunesse en situation de décrochage.
Dans son allocution mardi soir, le président de la République a annoncé des aides destinées et ciblées vers certains jeunes. Ces mesures ponctuelles ne sont pas étrangères aux demandes et à la pression exercée par les élus territoriaux. Elles sont destinées aux étudiants boursiers et aux allocataires de l’APL, c’est-à-dire à une minorité de jeunes. Elles les soutiendront, mais très ponctuellement. Elles ne règleront pas leurs problèmes financiers chroniques. Elles laisseront des centaines de milliers d’autres jeunes dans un état de grande précarité. Ce qui est totalement incohérent avec les discours officiels sur les valeurs républicaines, et indigne.
Par le passé, parfois au nom d’intérêts privés, la Nation n’a pas hésité à sacrifier des jeunes générations sur les champs de bataille. Cette fois, c’est directement sur l’autel des profits et de l’enrichissement personnel que ces générations sont livrées. Or, ce sont au contraire les profits et l’enrichissement personnel qu’il faut « sacrifier », précisément pour soutenir la jeunesse. Accorder le RSA aux moins de 25 ans, c’est la première des mesures à mettre en œuvre, c’est un devoir national. Nos jeunes, notre économie, nos communes et notre pays en ont urgemment besoin.