« Bordéliques » de tous les pays, soyez fiers...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 9 juillet 2021 à 12:58

Certains profitent des congés d’été pour se consacrer au sport, aux réunions de famille, d’amis ou au farniente. Pour ma part, je m’adonne à une tâche éreintante : le rangement et, en particulier, celui des bureaux. Car nous en cumulons souvent deux, l’un sous la forme d’un ordinateur, l’autre d’une table de travail classique. Le premier offre le spectacle d’un amoncellement de fichiers façon pointillisme et l’autre, des collines abruptes de dossiers empilés.

À l’heure du repos estival et du temps disponible, le spectacle de ces désordres devient vite complexant et provoque donc une aspiration velléitaire à la remise en ordre. Une tâche qui donne des sueurs froides. Pourtant, leur succède parfois, la joie du découvreur d’or. De ces fatras resurgissent, comme par miracle, des pépites. La première du millésime 2021 a trait justement au rangement. Elle émane de l’Agence France-Presse (AFP) qui, après les avoir vérifiées, livre aux médias les informations recueillies à travers le monde. La dépêche de l’AFP interroge : « Votre bureau est mal rangé, voire très mal rangé ? C’est tant mieux pour vous ! En effet, des chercheurs allemands viennent de démontrer que le désordre est en réalité une réponse de l’inconscient à la nécessité d’être productif. L’étude publiée par le Journal of Consumer Research invalide donc cette pensée courante qu’un environnement chaotique est l’expression d’un travail désordonné. Au contraire, elle souligne que les collaborateurs bordéliques traduisent en fait leur volonté d’aller droit au but, sans s’encombrer de détails inutiles. » Toujours selon l’AFP, l’enquête va plus loin, elle dévoile que dans le domaine marketing, des produits présentés en vrac, sans rangement particulier, seraient plus attractifs pour le consommateur, répondant à son besoin de simplicité et l’incitant à l’achat compulsif. Et comme pour enfoncer le clou, une autre étude, américaine celle-ci, a démontré que « les bureaux mal rangés avaient un effet stimulant sur la créativité... ». Au diable les sarcasmes et les reproches dont nous sommes sans cesse la cible ! Voilà les bordéliques enfin réhabilités. Cette reconnaissance scientifique du bien- fait du désordre vient vérifier une observation ancienne et prémonitoire du meilleur d’entre tous les bordéliques : Albert Einstein. Le père de la théorie de la relativité générale et l’effet photoélectrique, qui lui valurent le prix Nobel de physique en 1921 ne déclarait-il pas : « Si la vue d’un bureau encombré évoque un esprit encombré alors que penser de celle d’un bureau vide ? »