Danse macabre…

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 23 avril 2021 à 11:47

À la guerre comme à la guerre, dirait le président Macron qui nous présenta, il y tout juste un an, cette crise sanitaire comme un conflit. Dans une guerre, une vraie, avec des bombes qui écrasent les habitations et déchirent leurs occupants, ce sont les marchands de canons qui sont à la fête. Sans être dans une période faste (les guerres vives étant localisées), le marché mondial de l’armement reste malgré tout dynamique. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les dépenses militaires mondiales flirtent avec les 1 700 milliards d’euros. Dans ce domaine, les entreprises américaines tiennent la corde. À elles seules, Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon et General Dynamics ont vendu pour 166 milliards d’euros d’armement dans le monde en 2019. Plus modeste, l’Europe n’est cependant pas en reste. Ses trois leaders, Leonardo, Airbus et Thalès, ont réalisé un chiffre d’affaires de plus de 25,8 milliards d’euros. Le bilan de l’année 2020 de ce marché de la mort ne devrait pas être inférieur à celui de l’année précédente, malgré l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Cette dernière ne fait pas que des souffrants. Discrètement mais sûrement, les actionnaires de big pharma se frottent les mains.

La pandémie, une aubaine pour les laboratoires pharmaceutiques

L’industrie de la santé, et plus particulièrement celle de la pharmacie, est super rentable, enregistrant des marges nettes de 15 à 25 %. En 20 ans, les bénéfices des onze plus grands groupes pharmaceutiques sont ainsi passés de 263 à 873 milliards d’euros, et les dividendes versés de 20 à 71 milliards. Comme la guerre sied aux marchands de canons, la nouvelle pandémie est vécue par les grands groupes pharmaceutiques comme une aubaine. C’est le cas pour le groupe Pfizer qui produit le vaccin éponyme. Avec la demande croissante de produits, ses dirigeants ont décidé d’augmenter le prix de la dose de 4,50 euros. Il atteint désormais 19,87 euros après avoir été initialement de 12 euros ! Pour l’Europe, cette hausse fait passer la note de 7 à 17,5 milliards d’euros. On pouvait imaginer que les autorités européennes, soutenues par chaque pays, réagissent et mettent les pouces. Rien. Ce qui est rare est cher, c’est la loi du marché. On s’incline ! On dit que certains marchands de canons envisagent de se reconvertir à la pharmacie.