DSK is back…

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 23 décembre 2022 à 07:54 Mise à jour le 22 décembre 2022

Dominique Strauss-Kahn est de retour sur la scène médiatique et judiciaire. Un come back qu’il ne doit pas à son ami Dodo la Saumure dont il affectionnait particulièrement le réseau de prostitution. Changement de registre. Coluche expliquait : « dans la vie il n’y a pas que le c.., » y’ a aussi l’argent, l’autre spécialité de DSK. L’ancien dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) reprend langue avec la justice dont il s’était éloigné après l’affaire sordide du SOFITEL de New-York. Il a été entendu par le parquet national financier sous le régime de la garde à vue pour blanchiment de fraude fiscale aggravée. Cette retenue judiciaire survient dans le cadre d’une enquête préliminaire visant ses activités de conseil. Elle concerne notamment la société Parnasse International, créée par DSK en 2013. [1]

Parnasse International, est établi dans une zone franche du Maroc, la Casablanca Finance City (CFC), ce qui lui a permis une exonération totale d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans puis d’un plafonnement à 8,75%. L’enquête pointait également la création de Parnasse Global Limited en avril 2018 aux Emirats arabes unis. Dans ce pays, où il n’y a pas de registre public des entreprises, l’entreprise de DSK ne paie aucun impôt. Entre 2016 et 2017, DSK a ainsi perçu sept millions d’euros en salaires et dividendes cumulés, le tout net d’impôts !  Ses deux sociétés reçoivent notamment les honoraires de DSK pour les conférences qu’il donne et ses conseils aux riches entrepreneurs et patrons français et aux affairistes et gouvernants du monde entier.

Echapper à l’impôt et apprendre aux grands de ce monde à en faire autant, voici donc une des facettes de l’activité de l’ex boss du FMI où, en père la rigueur, il s’ingéniait à imposer aux pays tombés sous sa coupe, de faire des réformes structurelles  : réduction des dépenses publiques comme la santé et l’éducation et de privatisation des pans de l’économie pouvant générer des profits, etc. Les activités de conseils de DSK battent leur plein. En France, avec l’évasion fiscale et les fraudes, c’est près de 100 milliards d’euros qui échappent à l’État chaque année, selon le syndicat Solidaires finances publiques. Il pointe l’absence de moyens pour lutter au vu des montants qu’elles représentent. Nous tenons là un reflet de l’état de nos sociétés et le sens de leur marche. Le monde et notre pays lui-même, sont tombés sous la coupe des prédateurs quelque soit leur échelle et leur place. Des GAFA au CAC 40 français, le profit maximum immédiat et la rente aux propriétaires et aux actionnaires sont l’unique l’obsession.

L’État français encourage, de facto, cette propension en renonçant à son rôle de régulateur. Avec ou sans crise sanitaire ou énergétique, pas un jour passe sans que des baisses de cotisations sociales et des nouveaux cadeaux fiscaux soient faits aux entreprises. Ils s’élèvent à 157 milliards d’euros par an milliards selon la CGT. S’ils soutiennent de rares PMI-PME essorées par leurs grands commanditaires, ces faveurs permettent d’abord de faire baisser le prix du travail, de dégager plus de profits. Rappelons que la France, qui a raté la dernière marche du Mondial reste quand même championne d’Europe en termes de versement de dividendes aux actionnaires. Appropriation toujours plus grande du travail des salariés, évitement de l’impôt avec la complicité d’états soumis, fraudes …ces nouveaux prédateurs sont affairés dans une course à l’enrichissement sans égale dans l’histoire. Les modes de production eux-mêmes y sont soumis mettant en péril les équilibres écologiques de la planète.

Une part importante des citoyens, qui paye le prix fort de cette situation, estime le système capitaliste responsable. En l’absence, pour l’heure, d’une alternative démocratique et progressiste visant le bien commun social et écologique, elle se tourne vers la droite extrême dans l’espoir vain mais bien réel d’enrayer cette machine infernale. Un tel scénario offrirait un bel avenir à DSK et à ses clients, car avec l’extrême-droite « tout changera pour que rien ne change…  », et le sort du peuple s’en trouvera aggravé.

Notes :

[1L’affaire fait suite aux révélations des "Pandora Papers" (1) relayées et approfondies par l’émission Cash Investigation de France 2. une enquête à laquelle avaient collaboré environ 600 journalistes réunis au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)..