L’été meurtrier

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 1er août 2019 à 16:27

On a retrouvé le corps de Steve, un jeune Nantais disparu dans la Loire à la suite d’une intervention policière violente lors d’un concert. La charge de la BAC nantaise n’aurait aucun lien avec cette noyade selon le Premier ministre Edouard Philippe.

Il fonde sa conviction sur l’enquête opérée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), un corps de policiers chargé « en toute indépendance » d’enquêter sur les méfaits engendrés par la police elle-même. L’enquête conduite à Nice sur les causes des graves traumatismes infligés à Geneviève Legay lors d’une manifestation pacifique avait été confiée par le procureur de la République à la compagne du commissaire ayant sonné la charge. L’instruction avait conclu… à la non-responsabilité des policiers. Cette conclusion, qui s’est révélée mensongère, avait été validée par le procureur de la République, le président de la République et le ministre de l’Intérieur.

Zineb Redouane, une tranquille octogénaire de Marseille, a été tuée à la fenêtre de son appartement du 4 e étage par le tir d’une grenade lacrymogène alors qu’une manifestation se déroulait dans sa rue. Les faits remontent à décembre 2018, mais on est toujours sans nouvelle des investigations opérées notamment par l’IGPN.

Le gouvernement de Macron a élevé une vive protestation à la suite de la l’arrestation à Moscou de mille manifestants dressés contre le refus des autorités d’enregistrer la candidature d’un opposant en vue de prochaines élections. Les responsables de l’Union européenne ont dénoncé ces actes, qualifiant l’action policière russe de « disproportionnée ».

12 107 arrestations, 2248 manifestants blessés, dont 24 ont été éborgnés et cinq ont eu la main arrachée : tel est le bilan tiré après des mois de manifestation des Gilets jaunes. Aucune déclaration émanant des autorités européennes n’est venue accompagner ce bilan établi en mai dernier. On est toujours sans nouvelles des 256 enquêtes pour des soupçons de violences policières ouvertes par l'IGPN dans le cadre de ce mouvement national de contestation.

Le nombre de chômeurs (3,676 millions) sans aucune activité devrait encore baisser annonce le journal économique Les Échos. En cause, d’après lui, le durcissement des conditions d’accès aux droits. Dans le même temps (formule présidentielle), la précarité de l’emploi augmente « de façon inquiétante » selon le rapport annuel de l’Observatoire sur les inégalités. Près de huit millions de personnes, soit un actif sur quatre, se trouvent en situation de « mal- emploi », c’est-à-dire en contrat de CDD, intérim, au chômage, ou encore ont arrêté de chercher un travail. « Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des ‘‘ubérisés’’, des indépendants (en bas de l’échelle). Pour une grande part, cette France a animé les manifestations des Gilets jaunes », écrit le directeur de l’Observatoire, Louis Maurin.

Deux tiers des Français déclarent avoir été contraints de renoncer à partir en vacances pour des raisons financières. Ce renoncement qui constitue la norme dans les milieux modestes et pauvres (50 %) est très marqué (48 %) au sein de la classe moyenne inférieure, tandis qu’il est minoritaire (21 %) parmi les classes moyennes supérieures. Ce bilan a été établi par l’IFOP pour l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air).

« Je ne crois pas du tout que ce qui, à un moment, a créé la colère d'une partie de la population soit derrière nous », a déclaré Emmanuel Macron samedi dernier, à Bormes-les-Mimosas, au bord de la Méditerranée où il passe une partie de ses vacances. Lucide, parfaitement conscient de la réalité, le Président n’a en réalité pas le choix des armes dans cette lutte de classes que plus personne ne nie.