La paix maintenant...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 18 mars 2022 à 12:00

l’heure où nous écrivons ces lignes, le fracas des armes gronde toujours non loin de nos portes. Depuis, des femmes et des hommes, des enfants vivent dans la terreur et parfois dans les ruines de ce qui fut leur logis. Comme toujours, l’histoire dira demain le « pourquoi du comment »de cette guerre, mais la situation tragique appelle sans délai à la solidarité et à l’exigence de la paix. Trois millions d’Ukrainiens ont fui les combats trouvant refuge à l’ouest comme à l’est. La plupart sont partis les mains vides ou presque. Afin de leur venir en aide, des accueils s’organisent. Cette aide se double d’une autre, destinée à ceux qui, souvent faute de moyens, sont restés au pays et qui subissent la guerre jusque dans leur chair. Pour toutes ces femmes et ces hommes, il y a une urgence absolue : faire cesser les combats. Rien ne doit être fait qui prolongerait leur souffrance. On doit s’inquiéter de postures comme celle du président états-unien Joe Biden qui se déclare prêt à se sacrifier... jusqu’au dernier Ukrainien, menant de facto la guerre par délégation en livrant pour un milliard de dollars d’armement et qui tire déjà les premiers marrons du feu de l’enfer ukrainien en vendant trente-cinq avions de guerre F35 à une Allemagne en cours de réarmement ou en livrant son blé, son gaz de schiste et son pétrole en lieu et place des produits russes. De cette guerre, on discerne déjà les perdants : une Ukraine affreusement meurtrie et en partie dévastée, une Russie dont les jeunes meurent sur le champ de bataille et qui échappera difficilement à une récession et à un affaiblissement, une Europe happée dans une nouvelle et ruineuse course aux armements, une Afrique menacée de famine faute de produits agricoles issus des deux pays belligérants et d’une cherté accrue. Cette guerre bouleverse et inquiète. Elle impacte la vie quotidienne. Dans son sillage mortifère la spéculation bat son plein. Le prix de l’énergie, qui avait outrageusement augmenté avant les événements, explose et, avec lui, les difficultés des familles pour lesquelles tout ne tient qu’à un fil. Cinq millions de nos compatriotes vivent déjà dans un état de précarité énergétique. Les produits alimentaires et les matières premières suivent la même courbe haussière. Les produits manufacturés aussi. La croissance que l’on croyait retrouvée avec la fin de la crise aiguë du Covid-19 risque d’être bloquée à 1,4 % quand il la faut au moins à 2 % pour que le chômage régresse véritablement. Cette calamité risque d’ailleurs de s’aggraver. Plus de 2 000 entreprises sont déjà directement impliquées par les événements ayant conduit aux sanctions infligées à la Russie, qui travaille avec elles. Enfin, la volonté présidentielle d’accroître nos dépenses militaires va hypothéquer les budgets sociaux et ceux des services publics déjà mal en point. Le président de la République ne nous a-t-il pas promis des larmes lors de son allocution du 24 février dernier ? Nous aurions préféré qu’il promette le gel des prix des biens de première nécessité. Qu’à l’image du président américain Roosevelt pendant la dernière guerre mondiale, il annonce qu’il porterait à un taux d’imposition de 91 % les bénéfices et les dividendes des actionnaires afin de faire face aux conséquences de la situation internationale et qu’il s’engage à ce que pas un euro de profit privé ne soit fait sur le dos des événements. Il n’en a rien été. Emmanuel Macron reste fidèle à ses choix de classe. « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre  », déclarait le pacifiste Jean Jaurès. Il ajoutait : « L’affirmation de la paix est le plus grand des combats. » Cette conviction est la nôtre. Nous le devons au peuple d’Ukraine, au peuple russe qui commence à se lever contre la guerre, et aux peuples, dont le nôtre, aujourd’hui victimes de l’effet domino d’un drame à l’issue périlleuse ? Nous le devons à la génération actuelle, qui affronte le défi de la lutte contre les inégalités minant nos sociétés, et celui du réchauffement climatique menaçant très concrètement nos existences. Oui, nous avons besoin de la paix maintenant et d’une sécurité européenne solide demain.