La vache folle, le CETA et le réel présidentiel...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 26 juillet 2019 à 12:53

Merci Monsieur le Président, merci Monsieur le Premier ministre, merci mesdames et messieurs les Députés de la République en marche, avec vous, la santé publique va faire un grand bond... en arrière.

En paraphant l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA) ces belles dames et ces beaux messieurs, amateurs de grands crus et de homards géants, ont donné accès aux étals des supermarchés et à nos assiettes au bœuf bon marché nourri aux farines animales.

Or, nous savons depuis 1920 que ce mode d’alimentation provoque la maladie de Creutzfeld-Jacob aussi appelée maladie de la vache folle. Comme l’indique le dictionnaire médical, il s’agit d’une dégénérescence du système nerveux central. « Cette affection engendre des troubles de l’équilibre et de la sensibilité, puis une démence. L’issue est systématiquement fatale ».

Cette maladie de la vache folle est transmissible aux humains et il n’existe aucun traitement efficace. Au milieu des années 1990, l’ignorance volontaire des causes de cette maladie avait eu pour conséquence de provoquer une véritable épidémie en Europe. Faute d’une thérapie, la seule mesure de sauvegarde fut l’interdiction absolue de l’usage de ces farines animales et de la commercialisation des viandes produites avec ce mode alimentaire.

Avec le CETA la possibilité de retrouver, à notre insu, dans notre assiette des viandes polluées vient donc de refaire surface. Les Canadiens ont en effet la possibilité de recourir à cette pratique alimentaire. Après d’autres, et notamment André Chassaigne député communiste d’Auvergne, Nicolas Hulot s’est élevé contre le CETA. Il voit dans ce renoncement au principe de précaution alimentaire et de sécurité sanitaire, la pression exercée avec succès par les grands lobbys mondiaux de l’agro-alimentaires et leurs dealers : les grands groupes chimiques BASF, Bayer-Monsanto, Syngenta, Dow Chemicals.

Cette dénonciation de Nicolas Hulot a provoqué la réaction du président Macron. Il lui a rappelé qu’il fut son ministre de l’Écologie alors que le traité était en cours de réalisation. Réaffirmant sa propre adhésion à ce traité, ce qui ne fut pas le cas à l’époque de son ancien ministre, Emmanuel Macron a justifié sa position au nom du réalisme et de la libre concurrence.

« Je crois que le véritable idéalisme consiste toujours à regarder le réel » a-t-il lancé. Son propos ne rassure pas. Car, à la lumière de l’épisode du CETA, nous vérifions que « l’idéalisme » dont parle le président de la République est celui du primat des intérêts privés sur l’intérêt général. Et « le réel », l’adaptation contraignante des populations aux lois du marché capitaliste quelles qu’ensoient les conséquences y compris sanitaires. Résultat la planète est en surchauffe et les humains étouffent et se déchirent. On rêve tout haut d’un autre réel et d’un autre avenir.