La volte-face du ministre du Travail forcé…

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 3 février 2023 à 13:55

Olivier Dussopt est devenu la coqueluche des médias. Ministre du Travail, il porte la « réforme des retraites » au nom de Macron et du gouvernement. Face au tsunami des protestataires, il ne plie pas. Devant les arguments chiffrés démontrant que le maintien du régime actuel de départ à la retraite à taux plein n’affecterait pas les comptes futurs, il reste tanqué. Il rabâche à satiété les mêmes mystifications : faillite financière, temps de vie plus long des Français, etc. Son discours est à ce point pareil à celui du président qu’on les croirait tous deux sortis du même moule néolibéral. On se trompe. En 2010, alors qu’une partie de la France du travail défilait dans les rues pour s’opposer à la réforme des retraites fomentée par Sarkozy et repoussant l’âge minimum de départ de 60 à 62 ans, Olivier Dussopt ceint de son écharpe de maire socialiste d’Annonay martelait les propos suivants : « Ce projet est doublement injuste. D’une part, il écarte d’emblée la recherche d’autres recettes notamment la contribution de l’ensemble des revenus et en particulier ceux issus du capital (…). D’autre part, (…) à la précarité et au taux de chômage historique qu’ils connaissent, vous allez ajouter l’infliction d’une double peine aux moins de trente ans en éloignant toujours plus le moment de leur départ en retraite. » Pour faire bonne mesure, il auto-crédibilisait ses propos en rappelant qu’il était le fils d’une famille ouvrière ardéchoise. En 2014, devenu député, il lancera ses origines ouvrières au visage de Macron alors ministre des Finances quand celui-ci qualifia les ouvrières de Gad en lutte pour leur emploi « d’illettrées », sous-entendu d’être incapables de comprendre « les nouvelles nécessités économiques rendant incontournables les ajustements structurels ». Le député Dussopt alla jusqu’à qualifier le futur président de la République de « connard ». « Olivier sort de ce corps libéral » doivent penser aujourd’hui une bonne partie de ceux qui portèrent ce « fils d’ouvriers » à la tête de la mairie annonéenne où 7 000 personnes sont descendues dans ses rues mardi 31 janvier contre le projet gouvernemental à l’appel des syndicats réunis. C’est deux fois plus que le 19 janvier dernier selon la préfecture. Mais ces appels se sont perdus dans les méandres torturés des gorges de l’Ardèche. Droit dans ses bottes, Olivier Dussopt défend la réforme macroniste avec la même vigueur qu’il combattait, hier, sa sœur aînée sarkozienne. Nous ne lui ferons pas l’injure d’imaginer que cette volte-face est le résultat d’une longue réflexion mettant en perspective l’avenir de ses coreligionnaires et celle de notre civilisation. L’explication de cette révolution copernicienne à deux sous est plus simple. On la trouve dans la lecture du CV d’Olivier Dussopt. Il révèle sa capacité à changer d’âne à une vitesse fulgurante pour se rapprocher, à chaque fois, des râteliers du pouvoir où le foin est bon et copieux. Au titre de ministre du Travail forcé, Olivier Dussopt trouvera une place sur l’une des petites étagères de l’histoire où l’attendent des grands et de petits félons de la classe ouvrière et du peuple de France. Face à ces trahisons, aux promesses non tenues ou à la cupidité qui incite certains à faire carrière en politique, qui s’étonnera que le peuple se détourne de cette dernière ? Que l’abstention flambe ? Qu’un nombre croissant de nos concitoyens tournent leurs regards vers le pire dont on méconnaît trop le passé ?