Le 28 juin sera un bon jour…

Publié le 5 juin 2020 à 09:24 Mise à jour le 4 juin 2020

(Photo Dmitry Avdeev)

Le projet de privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) a disparu des radars. Le ministre Bruno Le Maire, qui s’était fait le héraut de cette croisade pour les dénationalisations, ne pipe plus mot. La raison de ce silence est fort simple. La crise du coronavirus a mis un coup d’arrêt brutal aux activités aéronautiques et aéroportuaires. La plateforme d’Orly a cessé toute trafic. Du jamais vu en 60 ans d’activité commerciale ! Quant à celle de Roissy, elle est un devenue un théâtre d’ombres alors qu’elle a accueilli plus de 76 millions de passagers l’an passé. Pas d’activité, pas de recettes, et donc… pas de profits. Ces derniers s’élevaient pour ADP à plus de 588 millions d’euros annuels. L’État français, promoteur initial des aéroports parisiens et actionnaire majoritaire du groupe créé en 1945, récoltait pour sa part quelque 180 millions d’euros chaque année. Ces pactoles ne demandaient qu’à croître avec le développement supposé exponentiel du trafic aérien. Des royalties de 250 millions étaient prévus à l’horizon 2025. Cette manne a aiguisé les appétits sans limite des grands groupes financiers amis de notre ministre et du président. Mais leur désir d’aéronautique s’est brusquement envolé avec l’arrivée du coronavirus et l’annonce par le PDG d’ADP de l’incapacité du groupe à assurer ses objectifs financiers, au moins jusqu’en 2025. Sauf à hyper brader le prix de vente - ce qui reste possible -, il y a donc fort à parier que la privatisation n’est plus pour demain. Mieux, l’État, qui soutient déjà l’entreprise par le biais du chômage partiel, pourrait mettre la main à votre porte-monnaie en apportant du cash au groupe.

Le cas d’ADP épouse donc la règle en vigueur : on mutualise les pertes et on privatise les profits.

Le cas d’ADP épouse donc la règle en vigueur : on mutualise les pertes et on privatise les profits. Une logique refusée par plus d’un million de nos compatriotes qui ont sommé le président de la République de tenir ses promesses électorales en organisant un referendum sur cette privatisation. Des milliards vont être accordés à Renault, à Air France et à d’autres entreprises. Ils visent à les soutenir financièrement. Leur situation est d’autant plus critique que les responsables de ces groupes ont dilapidé les bénéfices en versant inconsidérément des dividendes à des rentiers du capital plutôt que d’épargner. Si le principe d’une aide est acceptable, avec l’expérience, beaucoup redoutent que les entreprises soutenues avec l’argent public soient livrées aux convoitises de la finance dès qu’elles renoueront avec les bénéfices. De plus, sauf résistance des salariés, tout porte à croire que cette « remontada » se fera au prix de suppressions massives de postes de travail, de baisse des rémunérations ou d’augmentation du temps de travail, comme le permettent désormais les ordonnances créées par Macron en septembre 2017. Le nouveau rendez-vous électoral municipal du 28 juin est une véritable occasion pour faire barrage à ceux qui se réclament ou soutiennent ce système privilégiant l’intérêt privé au bien commun. Ce sera aussi un bon jour pour manifester le refus de voir le patrimoine national dilapidé. Le bulletin de vote sera un bon outil pour porter à la direction de nos communes des femmes et des hommes qui sauront empêcher les tenants du système de nuire toujours et encore, et servir les seuls intérêts du peuple…