Point de vue

Ni eczéma, ni teint jaune, ni travail à vie ...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 13 décembre 2019 à 09:00

Attachez vos ceintures. Si l’on en croit une étude du groupe de réflexion La Fabrique Spinoza, si rien ne change « l’employée de bureau en 2040, aura le dos voûté (à cause d’une assise prolongée), des varices (dues à une mauvaise circulation sanguine), des yeux injectés de sang (du fait d’un travail intense sur les écrans), des poignets et des jambes gonflés (à cause des mouvements répétitifs), un ventre bedonnant (dû au travail sédentaire), sans compter de l’eczéma dû au stress, le teint jaunâtre dû au manque de lumière naturelle ou la pilosité aux oreilles et au nez due à la mauvaise qualité de l’air... »

Ce portait robot de la future employée, applicable au masculin, ou la précarité et la retraite à 64 ans promises par ailleurs au monde du travail, de quoi encourager ceux qui s’opposent au projet macronien sur les retraites qui aggraverait encore plus les conditions de vie des salariés et des retraités.

Les grèves et les manifestations ont amené le pouvoir à reculer sur le calendrier et les modes de mise en place des mesures qu’il appuie. Mais, comme l’a confirmé Édouard Philippe mercredi, il n’y a pas de renoncement sur l’essentiel : allonger le temps de travail et réduire la part des pensions dans le PIB.

Encouragé par le MEDEF, le pouvoir s’emploie à abaisser coûte que coûte le prix du travail et donc les facteurs qui concourent à l’établir. Le temps de travail et la retraite par répartition en font partie. L’indemnisation du chômage aussi, tout comme le niveau du Smic. Ce dernier influence toute l’échelle des salaires. Aussi le pouvoir vient-il d’annoncer qu’il n’y aurait pas de « coup de pouce » le 1er janvier prochain mais un ajustement sur les 1,2 % d’inflation. Cela équivaut à une augmentation de 10 euros par mois. Une misère !

Cette pression exercéesur le prix du travail vise à garantir aux propriétaires et aux actionnaires les profits et la rente qui va avec. Ces finalités ne sont pas circonstancielles. Elles sont consubstantielles au système capitaliste dont le président et ses partisans sont les gardiens déterminés. Le pouvoir peut plier mais il ne rompra pas, à moins que le peuple - fort de la conviction qu’autre chose est possible - ne l’y contraigne.

C’est bien le cas sur la question des retraites où il faut tout reposer sur la table. Ainsi, les revenus financiers flirtent-ils avec les 300 milliards d’euros annuels. Actuellement, ils ne contribuent pas au financement des pensions. En les taxant à hauteur de 10 %, ils participeraient à l’équilibre définitif des caisses de retraite. De même, l’égalité des salaires femmes-hommes rapporterait 6 milliards à celles-ci.

Ces mesures, exposées par le PCF par la voix de son premier responsable Fabien Roussel, peuvent avoir l’oreille du peuple, devenir des revendications et des exigences et laisser entrevoir un autre avenir que celui de l’eczéma, du teint jaune et du travail à vie...

Dernière minute : selon un sondage Harris Interactive/RTL 68 % des Français déclarent soutenir la grève contre la réforme Macron, contre 46 % le 1er décembre. La proportion monte à 73 % pour les catégories populaires.