Plus blanc que blanc, c’est Sarkozy et plus noir que noir : Le Pen

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 5 mars 2021 à 15:16

Grâce à Coluche, nous savions qu’il existait une lessive lavant « plus blanc que blanc ». Désormais grâce à Sarkozy, nous découvrons que l’on peut être « plus innocent qu’innocent ». Cette trouvaille, nous la devons à une avocate de l’ex-président. À l’issue de la décision du tribunal correctionnel de Paris le condamnant à trois ans de prison, dont une année ferme « pour corruption et trafic d’influence » dans l’affaire dite des « écoutes », elle a en effet déclaré que son client était « plus que jamais innocent » ! On s’interroge : comment a-t-elle entendu le verdict et le commentaire de la Cour précisant que Sarkozy et ses acolytes « ont porté gravement atteinte à la confiance publique en instillant dans l’opinion l’idée selon laquelle les procédures devant la Cour de Cassation (...) peuvent faire l’objet d’arrangements occultes destinés à satisfaire des intérêts privés » ?

Pris la main dans le sac

Rappelons que le président en exercice avait été pris « la main dans sac » lors d’une écoute judiciaire opérée sur un de ses téléphones clandestins. Au cours d’une communication, il avait fait part de sa volonté de voir soustraire ses agendas des procédures judiciaires notamment dans l’affaire Tapie. Pour y parvenir, il comptait sur l’aide d’un haut magistrat, Gilbert Azibert, promis en retour à un avenir monégasque. « Nous ferons la preuve de l’innocence de notre client » s’est encore écrié ladite avocate en annonçant le recours en appel. La kyrielle d’avocats de Sarkozy se serait donc tourné les pouces tout au long du procès ? Évidemment non, mais leurs arguments et effets de manche et les multiples interventions télévisuelles ont été vains, les juges ont considéré les faits établis et le verdict est tombé. Au-delà des plaidoiries de la défense défaites par celles des avocats de l’accusation, ce qui frappe à l’énoncé du jugement, c’est la violence des réactions à l’encontre des juges et de la justice en particulier du camp de l’ex-président. Ses affidés crient à l’« acharnement judicaire », à la sentence « ahurissante », « illégitime » et en point d’orgue, ils dénoncent une « justice politique ». Des exclamations déjà entendues lors de la condamnation prononcée contre Fillon qui fut son Premier ministre.

Le clan se défend

Ici, c’est le clan qui se défend. Ces réactions expriment l’idée que la justice devrait s’arrêter là où commence la politique. Le pouvoir, le leur, devrait être intouchable comme l’était jadis celui de l’aristocratie. C’est aussi ce que souhaite la cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen. Elle a promptement surfé sur la vague de dénigrements déversée contre les juges qui portent la loi. « Je ne veux pas que la justice fasse la primaire de la présidentielle » a-t-elle déclaré, projetant le justiciable Sarkozy en candidat potentiel. Elle a enfoncé le clou en ajoutant « si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, il doit l’être, il devrait l’être malgré la condamnation ». Des propos ahurissants qui caressent dans le sens du poil électoral les supporters de l’ex-président, afin de s’attirer leurs bonnes grâces en vue d’un futur deuxième tour, et qui ne sont pas étrangers au fait qu’elle est elle-même sous le coup d’une procédure pour avoir favorisé des emplois fictifs au bénéfice des siens. Cette prise de position dévoile sa conception de la justice et ce qu’il adviendrait de nous si elle parvenait au pouvoir.