Encore un mauvais coup contre les enseignants

par Philippe Allienne
Publié le 17 janvier 2020 à 09:34 Mise à jour le 18 janvier 2020

Rien ne va décidément plus dans
l’Éducation nationale. Si elle est
peu médiatisée, une pétition
circule actuellement pour soutenir le
réseau Canopé menacé de démantèlement.

Canopé, c’est le Réseau de création
et d’accompagnement pédagogique qui a
pris la succession du Centre national de
documentation pédagogique (CNDP).
C’est un établissement public qui dépend
du ministère de l’Éducation nationale. Il
exerce une mission d’édition, de production, de développement et de mise à
disposition de ressources et de services
éducatifs à destination des enseignants,
des communautés éducatives et universitaires, des écoles et des établissements
d’enseignement scolaire. Canopé
contribue également au développement
des technologies de l’information et de la
communication pour l’éducation.

À Lille et Amiens, on connaît bien. Les
délégations de ce réseau travaillent avec le
Club de la presse des Hauts-de-France
pour, notamment, promouvoir les actions
de presse à l’école. Ce n’est pas anecdotique. La presse à l’école, c’est le suivi des
collégiens et des lycéens dans la réalisation de journaux scolaires. Cela permet
aux jeunes de s’intéresser à la presse, aux
médias, aux métiers du journalisme. Avec
le partenariat du Club de la presse, cela
leur permet aussi de porter un regard plus
juste sur l’information et sur les
contraintes auxquelles sont confrontés les
médias et les journalistes.

Pour les enseignants, Canopé est un super
centre de ressources qui leur offre le matériel indispensable pour encadrer leurs
élèves dans ce domaine et pour leur ouvrir
l’esprit.
« La presse est un élément indispensable pour notre démocratie »
, a-t-on coutume d’entendre. C’est vrai. En
éduquant les jeunes aux médias et à l’information, on lutte contre le média
bashing qui, souvent, repose sur des
impressions erronées. On évite aussi de
sombrer dans une confiance sans limite
au
« journalisme maison »
des réseaux
sociaux, et au déferlement de désinformation, voire de haine, qui conduit immanquablement au repli sur soi.

Grâce à l’action du ministère de l’Éducation et de la jeunesse, qui ne raisonne
qu’une calculette en main, le réseau
Canopé risque d’être détruit pour des
raisons
« strictement budgétaires ». En
clair, cela coûte trop cher. L’air est connu.
Au total, ce sont 1 400 salariés, fonctionnaires ou contractuels, qui sont concernés
sur une centaine de sites. 10 % de l’effectif
est clairement menacé.

Bien évidemment,
ce personnel est peu informé de ce que
veut le gouvernement. Tout au plus, l’établissement est-il appelé à
« modifier en
profondeur son orientation, voire son organisation »

, au prétexte de servir exclusivement la formation continue (voire initiale)
en ligne des enseignants.
Le personnel, qui se sent abusé et trahi, on
le comprend, demande une concertation
rapide. On sait, particulièrement dans le
contexte actuel, comment le ministère de
l’Éducation entend le mot
« concertation ». Avec des boules Quies.