Et finalement, nous ne pensons plus qu’à cela. Quand pourra-t-on rouvrir nos commerces de proximité, quand pourrons-nous à nouveau nous balader sans risque de contravention, quand ne craindrons-nous plus de représenter un danger pour les autres ? Quand pourrons-nous à nouveau vivre normalement ?
Au fait, comment vivions-nous avant ? C’était il n’y a pas si longtemps. Les Gilets jaunes occupaient les ronds-points et défilaient régulièrement dans les rues. La police réprimait. Les organisations syndicales appelaient à manifester contre les réformes du macronisme, contre la casse du service public, contre la démolition de notre Code du travail, de notre système de Sécurité sociale, de notre modèle de logement social, etc. Et puis soudain, par l’apparition d’un virus effrayant, les rues se vident les revendications s’enferment dans d’étroites parenthèses, la vie politique se sclérose, notre style de vie s’assombrit. Après nous avoir promis des lendemains qui chantent, les hussards de Macron reviennent à la charge. Ainsi, le Premier ministre promet-il de mener la réforme de l’assurance chômage à son terme. L’entrée en vigueur du second volet est certes repoussée au 1er avril 2021. La bonne blague.
La ministre du Travail, Élisabeth Borne a beau annoncer que cette réforme sera réformée en raison du contexte, elle répète à l’envi que ses principes sont les bons. 1,2 million de personnes seront perdantes et 400 000 chômeurs verront leur indemnisation chuter de 40 %. Il faudra vivre avec quelques centaines d’euros. Dans certains cas, la baisse atteindra 80 % ! Pire encore, alors que la crise affaiblit les plus défavorisés, on sait que les victimes de cette réforme ignoble seront les personnes qui travaillent dans les secteurs les plus touchés par cette crise. Il s’agit d’une réforme punitive.
Elle va s’attaquer à ceux qui alternent les périodes de chômage et les contrats courts. Comme si c’était leur faute. On ne pourra presque plus, autre punition, cumuler un salaire (sur une activité réduite) avec une allocation. Comme si le chômeur qui parvient à travailler un peu dans le mois était un privilégié. En fait, le gouvernement lui accorde le privilège de lui faire économiser un milliard d’euros dès 2021. C’est le cynisme libéral dans toute sa splendeur. Mais comme pour nous prouver que ce gouvernement vampire ne nous oublie décidément pas, le sinistre ministre de l’Économie Bruno Le Maire rappelle que la réforme des retraites sera remise sur la table dès que possible. Car, dit-il, « il faut veiller à l’équilibre des comptes sociaux et penser aux jeunes générations qui entrent sur le marché du travail ».Toute honte bue, ce gouvernement assure qu’il ne nous oublie pas tout en préparant ses forces de police en vue des manifestations futures. Qu’il se rassure, nous ne l’oublions pas davantage.