L’Humain d’abord contre le mépris de l’humain

par Philippe Allienne
Publié le 3 janvier 2019 à 12:47 Mise à jour le 10 janvier 2019

En cette période où nous nous souhaitons des vœux de bonheur, santé et prospérité, il est difficile de ne pas revenir sur cette drôle d’année que nous venons de vivre.

Si difficile à analyser tant elle apparaît hors norme et disparate, l’irruption en octobre du phénomène Gilets jaunes s’est transformée en une colère profonde pour donner lieu à des revendications très diverses.

Mais surtout, ce mouvement met encore plus en lumière le mépris dont font preuve un chef d’État et un gouvernement fermement décidés à aller au bout de leur politique libérale. Ce mépris a de nouveau surgi lors de l’allocution d’Emmanuel Macron à l’occasion de ses vœux pour 2019. C’est cette attitude envers les Français que le Président n’a eu de cesse de développer tout au long de l’année.

Peu sont épargnés. À commencer par le monde de L’Éducation. « L’administration considère les enseignants comme des numéros, ne tient pas compte souvent de leur difficultés, refuse même de les voir, ferme les yeux  », dénonçait en mars dernier le blog d’une professeure de l’Éducation nationale. « Le ministère pond régulièrement des réformes improvisées, inadaptées et les enseignants en font les frais  », poursuivait-elle en ajoutant que « l’enseignant (...) se doit d’obéir aveuglément à tous les ordres, quels qu’ils soient, il se doit d’être un fonctionnaire zélé...  ».

Lors de la rentrée scolaire, un communiqué du SNEP-FSU de Bordeaux accusait : «  on méprise les élèves  ». En cause, comme dans de nombreuses académies, des classes surchargées et un manque d’enseignants. Le traitement des manifestations lycéennes contre la plateforme Parcoursup et la réforme du Baccalauréat est à l’avenant.

Les infirmiers qui manifestaient en septembre contre le nouveau Plan Santé ne sont pas en reste. « Que cesse le mépris affiché par les politiques et le ministère par rapport à [notre]profession », implorait Daniel Guillerm, vice-président délégué de la Fédération nationale des infirmiers, regrettant l’absence d’écoute du gouvernement.

Même en inaugurant le Mondial de l’auto, début octobre, le président Macron a suscité le rejet en bottant en touche sur les questions des journalistes l’interrogeant sur sa politique et en s’isolant derrière un filet de sécurité sans précédent. « Je n’avais jamais vu un tel mépris », observe un professionnel de l’automobile.

Le Président fait la leçon

La liste est longue. En juin, le service de communication de l’Élysée insultait les journalistes et tentait de leur faire la leçon sur leurs écrits. En octobre, le chef de l’État décidait au dernier moment de s’inviter sur les chaînes publiques sans qu’un journaliste puisse l’interroger. Et il y a ces petites phrases assassines contre les chômeurs qui peinent à retrouver un travail, contre ce « pognon de dingue que la France dépense pour les minima sociaux » ou encore, de l’étranger, contre ces « Gaulois réfractaires au changement ».

Avec la mise au pas renforcée des demandeurs d’emploi, le prélèvement à la source et l’assurance que les réformes antisociales seront menées à terme, l’année 2019 commence sombrement. À la vulgate libérale, nous aurions préféré de meilleurs vœux pour une société de justice, d’égalité, de fraternité.

Meilleurs vœux, donc, pour une société où le mépris de l’humain s’efface au profit de l’Humain d’abord !