Les enfants, le 11 mai : refusez !

par Philippe Allienne
Publié le 16 avril 2020 à 19:02

Si la crise sanitaire restera dans l’histoire du monde, il n’est pas certain que leurs dirigeants en sortent grandis. Pour ce qui concerne notre pays, nous serions curieux de lire, dans quelques dizaines d’années, comment les historiens auront analysé la stratégie de ce gouvernement. Il serait intéressant aussi de savoir comment les Françaises et les Français auront réagi au lendemain de cette crise. Auront-ils demandé et obtenu la démission d’Emmanuel Macron et du gouvernement Philippe ? Auront-ils fait un sort au « macronisme » et, mieux, au libéralisme ?

Nous pouvons toujours rêver. Pourtant, l’ampleur de cette crise, la mise en sommeil de l’économie et le choix de l’endettement, la mise entre parenthèses (pour l’instant) des réformes anti-sociales, la fermeture des établissements scolaires, l’arrêt momentané du projet néo-libéral d’Emmanuel Macron sont autant d’indicateurs qui d’un coup, effacent tout sens à la logique du rouleau compresseur du macronisme.

Comment sera-t-il possible, désormais, de mépriser, comme cela a été fait avec une puissance inouïe, la contestation sociale contre la casse des services publics et de notre modèle social ? Comment pourra-t-on défendre, demain, avec cette ferveur libérale, la limitation drastique des déficits budgétaires, la règle d’or... ? Le sytème libéral montre qu’il est capable de tout, même de se mettre en coma artificiel.

On sait bien qu’il le fera payer au peuple. Mais le peuple sait désormais, s’il l’ignorait, la capacité du libéralisme à se défendre quoi qu’il en coûte.

La décision de cesser le confinement, même de façon progressive, à compter du 11 mai, fait partie de cette capacité d’autodéfense. Dès lors, il est impossible de prendre au sérieux la date de rentrée scolaire telle qu’elle vient d’être décrétée. Si l’époque n’était aussi dramatique, on rirait à gorge déployée devant l’argumentaire de Jean-Michel Blanquer : « L’école est obligatoire et la loi le dit. (…) Sur le plan social, nous devrons être volontaristes pour demander aux familles d’envoyer les enfants à l’école. »

Pire : « L’ensemble des décisions seront données dans deux semaines » ! Et le rebond de l’épidémie, il est pour quand ? Lorsque les enfants, dont on n’a cessé de nous dire qu’ils étaient porteurs du virus et qu’il ne pouvaient que le transmettre aux adultes, auront contaminé leurs familles ? Lorsqu’eux-mêmes seront victimes ? Toutes ces leçons, à grand renfort de contrôles et de sanctions, qui nous ont été données (à juste raison) sont-elles à oublier pour transformer les écoles en garderies ? Est-ce là le seul moyen du gouvernement pour éviter les inégalités scolaires ?

Si nous l’osions, nous dirions très franchement aux enfants : le 11 mai, n’y allez pas. Restez chez vous et plongez-vous dans vos jeux vidéo préférés. Le 11 mai : REFUSEZ !