Ne jamais minimiser la réalité des inégalités et des violences faites aux femmes

par Philippe Allienne
Publié le 5 mars 2021 à 11:26

Fait-il vraiment une journée officielle pour exiger, une fois l’an, que soient respectés les droits des femmes dans le monde entier ? On sait que c’est tous les jours qu’il faut y veiller. En tout cas, même si tout reste à faire, cette exigence se fait bien mieux entendre depuis les mouvements qui dénoncent les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement, les comportements douteux, le machisme, les bonnes grosses blagues. Car l’exigence de l’égalité des droits (salaires, évolution de carrière, choix professionnels, mais aussi droit devant les loisirs, la vie en société, etc.) passe par la chasse aux violences et maltraitances. La culture de la violence, la culture du viol sont souvent les terreaux de ces inégalités dont on a l’impression de ne pouvoir sortir. Un État qui fait de la femme une mineure à vie ne peut que la condamner à être victime de violences psychologiques et physiques. Et ces violences la plongeront pour longtemps dans une situation subalterne par rapport à l’homme. Les associations féminines ou féministes se battent inlassablement depuis très longtemps pour établir, ou rétablir l’égalité. D’autres, plus récentes, ont pris le sens de la société telle qu’elle est aujourd’hui et montrent à leur manière comment il faut refuser tout comportement qui ne respecte pas le principe et l’application de l’égalité entre les hommes et les femmes. Quelles que soient leurs méthodes, leur engagement est le même, leur conviction est profonde. II faut d’abord sortir du déni. Quand on sait que 200 000 femmes sont victimes de violences au sein du couple, chaque année en France, quand on sait que 32 % des femmes ont déjà subi des faits de harcèlement sexuel au travail, on ne peut minimiser, sous quelque prétexte que ce soit. Chacun devrait, doit avoir en tête que l’on n’a pas le droit d’insulter ou de porter atteinte à la dignité de l’autre. Cela vaut, par exemple, pour l’auteur d’une blague sexiste, persuadé d’être à la fois drôle et inoffensif. Le fait de mettre mal à l’aise avec un « bon mot » doit être maîtrisé et éradiqué. La loi ne dit pas que le fait d’être drôle ou prétendument drôle rend la blague sexiste supportable. Partant de là, si nous pouvions toutes et tous prendre conscience de la nécessité de respecter la dignité des autres, les violences pourraient commencer à régresser. Les inégalités et leurs justificatifs pourraient commencer à vaciller. Certaines villes, à l’occasion du 8 mars, ont lancé une campagne d’affichage arborant des questionnaires géants. Exemple : « Comment éviter le harcèlement ? » On peut cocher cinq cases : ne pas porter de mini-jupe, ne pas porter de talons, ne pas mettre un décolleté, ne pas marcher seule le soir. Celui ou celle qui choisit parmi ces propositions aura tout faux. La bonne réponse réside dans la cinquième : « Ne pas harceler. » Et comme le proclame si bien une autre de ces affiches : « Le féminisme ne tue pas ; le machisme tue tous les jours. »