Nostalgie et sagesse libérale

par Philippe Allienne
Publié le 29 mars 2019 à 16:21 Mise à jour le 30 mars 2019

Populisme, racisme, mensonge, morale rance... La lutte des classes n’a qu’à bien se tenir. La société libérale la surveille de près.

Cette semaine, le prix du mensonge, de l’exercice de la contre-vérité, reviens sans conteste à... Jean-Luc Mélenchon. A ce jeu, il est le plus fort. Pourquoi ? Parce que sa haine des médias, des journaux, des journalistes, le conduit aux pires extrêmes. Dernier exemple en date : il accuse le quotidien régional La Voix du Nord de prêter à ses lieutenants nordistes des propos anti-flics. Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens ont-ils proféré, lors du dernier épisode des gilets jaunes, des « Tout le monde hait la police » ? M. Mélenchon prétend que La Voix du Nord a rapporté ce qu’il estime être une fausse information.

Pan sur le bec de l’insoumis en chef, l’article incriminé ne dit rien de tel. M. Mélenchon, qui n’a de cesse de nous rappeler qu’il est un intellectuel, semble oublier l’utilité de la ponctuation. «  C’est l’heure de manger, les enfants !  » ne revient pas à estimer qu’il «  est l’heure de manger les enfants  ». L’insoumis n’a visiblement plus le temps de se soumettre aux règles simples de la ponctuation salvatrice (en l’occurrence). Qu’au moins dans un premier temps, qu’il consulte Wikipédia.

A propos des enfants que dévorent les méchants croquemitaines, cette semaine nous a resservi la vilaine rumeur qu’Edgar Morin et son équipe de sociologues avaient analysée en 1968. A l’époque, la « Rumeur d’Orléans » racontait que des jeunes filles en fleur étaient droguées, kidnappées et envoyées dans des bordels outre-Méditerranée. Les responsables étaient bien évidemment des juifs. Pas des vieux Fagin au nez crochu de Dickens, non, des juifs qui faisaient peur parce que l’on ne savait pas qu’ils l’étaient, juifs. Evidemment, les enlèvements étaient pure invention, les auteurs de la rumeur d’Orléans n’ont pas été retrouvés (des jeunes filles elles-mêmes ou des fascistes déjà nostalgiques ?), mais le mal avait été fait. Aujourd’hui, les cibles sont les Roms qui, à leur tour, rôderaient dans nos quartiers pour enlever nos enfants. L’ombre de l’extrême droite se précise et s’affirme de plus en plus dans notre belle société libérale.

Et puis, il y a nos champions, toujours : les joyeux de la Rem. Il faut bien le dire, ceux-là sont les meilleurs. Eux (Christophe Castaner et son bras droit Laurent Nuñez, au ministère de l’Intérieur) qui ne savent plus comment faire pour discréditer le mouvement des gilets jaunes. Alors ils demandent au nouveau préfet de prendre exemple sur Clémenceau ; celui qui, durant la IIIème République, savait briser les grèves. A l’époque, on savait tuer, on savait fusiller. La canaille, on savait la mater. Clémenceau ? Pourquoi pas Thiers, celui dont le nom s’affiche encore, ignominieusement, sur les plaques de certaines de nos rues, de nos espaces publics ?

Et puis, pour parfaire le tout, il y a Jupiter en personne. Le Président Macron dont la compassion pour cette dame de 73 ans, gravement blessée après une charge policière, est frappée du sceau de l’austérité. «  Je lui souhaite un prompt rétablissement et peut-être une forme de sagesse  ». Au fait, c’était quoi, la «  non sagesse  » de Geneviève Legay ? D’avoir manifesté pacifiquement là et à l’heure où le droit de manifester se restreint dangereusement.

Pas très sage, et pas très rassurant, Monsieur le Président.