Pour vaincre la misère et l’ombre

par Philippe Allienne
Publié le 30 novembre 2018 à 16:21

Il n’y a pas de mal à se faire plaisir. Face au rouleau compresseur du macronisme et à la politique menée par le gouvernement Philippe, nous aurions tort de croire qu’il n’y a plus rien à faire. Tort de penser que, de toute façon, la volonté libérale du chef de l’État et de son équipe ne peut admettre aucune critique, aucune opposition.

La séquence des gilets jaunes qui vient de s’ouvrir a le mérite de placer le gouvernement devant ses contradictions et sa méthode manipulatoire. Le discours d’Emmanuel Macron, avant la présentation du plan pluriannuel de l’énergie, n’a pas convaincu. Il a montré son incapacité à entendre la colère sociale. L’écologie a bon dos pour imposer une hausse des prix du carburant alors que l’on s’évertue à préserver les plus riches et leur recherche du profit. Le capital passe avant l’intérêt des travailleurs, rien de neuf.

Pourtant la colère qui monte doit bien être prise en compte par celles et ceux qui sont persuadés de pouvoir continuer à enchaîner leurs lois antisociales avec le mépris et la morgue qui les caractérisent. Le rôle des syndicats sera décisif. Ce ne sont pas des « partenaires sociaux » dont a besoin la justice sociale. On ne peut parler de « partenariat » dans des relations aussi déséquilibrées que celles que l’on connaît. Il faut au contraire des négociateurs solides et expérimentés pour mener la lutte des classes contre un gouvernement, contre la puissance du capital et contre un système libéral qui ne font, après tout, que rappeler la réalité de cette lutte.

Côté opposition politique, la volonté de combattre aux côtés des plus faibles est tout autant essentielle. Faire reculer un gouvernement qui se sent si droit dans ses bottes n’est pas une vue de l’esprit. Cela demande un combat de chaque jour et une force de conviction inébranlable. La volonté et la pêche affichées par le nouveau secrétaire national du Parti communiste français, à l’issue du congrès d’Ivry, sont revigorantes.

Dans la grisaille dominante, les lueurs d’espoir existent. A Montreuil par exemple, en Seine-Saint-Denis, le maire communiste et son équipe viennent de remporter une victoire importante pour la dignité de l’homme. Là où des centaines de personnes, travailleurs franco-maliens, vivaient depuis des décennies dans les conditions déplorables d’un foyer insalubre, la municipalité s’est battue en prenant un arrêté d’inhabitabilité et en réquisitionnant un bâtiment public inoccupé. L’opposition du préfet et la suspension de l’arrêté de réquisition par le tribunal administratif de Paris n’y ont rien fait.

Le maire, Patrice Bessac, a tenu bon. Le foyer insalubre, datant de 50 ans, sera détruit et l’ensemble des 500 travailleurs viennent d’être relogés dans l’attente d’une solution plus pérenne. Car finalement, après une mobilisation formidable et des centaines de milliers de messages de soutien venus de toute la France, le Premier ministre a répondu à l’appel de l’élu montreuillois et a débloqué la situation. Ces Françaises et ces Français «  sont la France belle et rebelle, la France généreuse, populaire, aimante  », lit-on dans un communiqué du maire. Pour vaincre la misère et l’ombre, Fabien Roussel n’est fort heureusement pas seul.