Racisme et homophobie, même combat pour une société égalitaire

par Philippe Allienne
Publié le 13 septembre 2019 à 12:37

Le racisme n’est pas une idée, c’est un délit puni par la loi depuis 1972. Les discriminations sont quant à elle l’objet de plusieurs textes depuis 2001, le dernier en date étant la loi sur l’Egalité et la citoyenneté, du 27 janvier 2017. « La discrimination, peut-on lire, est l’action de traiter différemment des personnes placées dans une situation comparable. Cette différence de traitement est répréhensible dès lors qu’elle est fondée sur l’un des critères interdits par la loi et qu’elle a lieu dans l’un des domaines d’application prévus par la loi. »

Pour qualifier un comportement de discriminatoire, il faut réunir trois éléments : une différence de traitement, que cette différence de traitement soit fondée sur l’un des critères prévus par la loi, qu’elle s’exerce dans un domaine précis. Si ces trois éléments sont réunis, le comportement constitue une discrimination illégale. Parmi les nombreux critères de discrimination retenus par le droit, on note bien l’origine, le sexe, l’apparence physique, les caractéristiques génétiques, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, etc. On trouve aussi l’âge, les convictions politiques, les convictions religieuses...

Ces critère énoncés rappellent l’illégalité de tout comportement discriminatoire quelque soit l’espace ou les circonstances. Dès lors, les propos de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, qui veulent établir une hiérarchie entre le délit de racisme et le comportement homophobe sont hors jeu. Après avoir allumé l’incendie, un dialogue s’est établi avec la ministre effarée des Sports, Roxana Maracineanu. Celle-ci n’ayant aucun intérêt à voir les arbitres siffler régulièrement, sinon la fin du match, au moins sa suspension, un accord (que l’on se gardera de qualifier de « gentleman agreement ») a naturellement été trouvé.

Il reste que l’ambiance des stades, lorsqu’elle est survoltée (c’est son but) ne fait jamais que refléter une ambiance générale. Qui, au volant de sa voiture, n’a jamais proféré de propos insultants (racistes ou homophobes) à l’égard de personnes qu’il ne connaît pas (mais qui, selon lui, l’empêchent de circuler à son rythme et à sa guise) ? Cela fuse tout seul et souvent indépendamment de la personnalité de celui -ou celle- qui les profère. Parfois même, il, ou elle, les soulignera d’un majeur souvent plus vigoureux qu’un autre membre sollicité par ailleurs. C’est ainsi, et ce n’est pas bien.

Mais les injures homophobes, ou les attitudes à caractère homophobe n’ont rien à faire dans un stade comme nulle part ailleurs. Alors, arrêter un match peut rappeler l’importance du travail qu’il y a à faire sur nous-même, supporters ou non, contre toutes les formes de discriminations. Mais, si Noël Graët n’a rien compris en établissant une échelle de valeur très maladroite et très injuste, on préférera le propos de Ronan Evain, le directeur exécutif de Football supporters Europe, pour qui une prise de conscience est nécessaire à l’échelle de l’ensemble de la société. Il y a du travail.

Mais surtout, il serait bien sot de stigmatiser les propos de Lilian Thuram, qui s’exprimait après des attitude racistes de supporter contre des joueurs noirs : « Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste, mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être ». C’est bien là, que le bât blesse et que la tâche est immense. Ce n’est pas le capitalisme et le libéralisme qui iront dans ce sens. Car la lutte contre le racisme et toutes formes de discrimination passe d’abord par une éducation et une culture de l’égalité.