Sont-ils fous ces bourgeois !

par Philippe Allienne
Publié le 8 novembre 2019 à 09:48

C’est parce qu’ils ne voulaient pas laisser le terrain à la droite et à l’extrême droite qu’Emmanuel Macron, et son calamiteux gouvernement, s’attaquent une fois de plus à l’immigration. Comme c’est facile. Ces joueurs de poker menteur s’adaptent et trichent à tout va.

Ainsi apprenons-nous un jour que la classe ouvrière n’existe plus, qu’il n’y a donc plus de lutte des classes (sauf qu’elle est gagnée par les classes riches, selon Warren Buffet) et qu’il n’est donc plus besoin d’un clivage droite-gauche. La logique pourrait sembler imparable. Sauf que, s’il n’y a plus ni gauche, ni droite, pourquoi est-il besoin de se démarquer de l’une ou de l’autre ? N’y aurait-il plus qu’une extrême droite, comme semble le suggérer Zineb El Rhazoui pour qui « les gens de tous horizons (...) estiment qu’il faut que la police tire à balles réelles (...) sur les racailles ».

Il est vrai que, morte de peur depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, elle ne connaît plus les gens qu’à travers les réseaux sociaux au point d’avoir perdu toute humanité. Non, contrairement à ce que pensent l’ex- collaboratrice de Charlie devenue folle et l’actuel président de la République, le peuple français n’exhale pas une odeur rance et malveillante. Le peuple est ce qu’il est, pas ce que l’on voudrait qu’il soit, fût-on à la tête de l’État ou au seuil de l’hôpital psychiatrique.

Qu’est-ce qui pousse donc le président à renifler ainsi l’entrejambe de l’extrême droite ? D’abord, le duo Macron-Philippe parie sur ce que pourra rapporter un duel Macron-Le Pen lors de la finale de la prochaine présidentielle. Que du bonheur. Mais surtout, c’est à la fois aux petits blancs peureux (qui ont toujours été présents) et au patronat que pense le pouvoir. Ainsi resservent-ils les quotas de travailleurs immigrés qu’il faut définir en fonction des besoins des secteurs économiques ou des métiers.

Serait-on en train de revenir aux heures glorieuses de Félix Moura qui, dans les années soixante et suivantes, recrutaient des hommes costauds et en bonne santé dans le sud marocain, pour le compte des Houillères et des mines du Nord-Pas-de- Calais ? À cette époque bénie, les Charbonnages pouvaient exploiter leurs ouvriers arabes pour pas cher et les renvoyer au pays sans plus de formalité dès lors qu’ils étaient malades ou handicapés. Même tronquée, notre histoire à la mémoire courte. En fait, la politique de Macron fait davantage penser à l’immigration choisie que voulait son prédécesseur Sarkozy. Mais lui le fera vraiment.

Et puis, il y a cette volonté de précariser encore davantage les demandeurs d’asile en retardant leur accès à la Sécurité sociale et en leur pourrissant la vie avec des cartes de paiement liberticides. Cette carte, sur laquelle est versée l’allocation attribuée aux demandeurs d’asile, leur permettait de retirer de l’argent liquide dans les distributeurs automatiques de billets.

C’est désormais impossible. Leurs détenteurs pourront régler leurs achats avec cette carte, mais seulement dans les magasins équipés pour. On empêche ainsi les demandeurs d’asile, pour qui le parcours est particulièrement difficile, d’acheter sereinement une baguette de pain ou un paquet de cigarettes. Très élégant.

La santé et le pain. Voilà les leviers sur lesquels s’appuie le pouvoir pour satisfaire ce qu’il croit être sa base, ce qu’il croit être le peuple. Pour satisfaire aussi ses partenaires politiques. Non, le peuple ne sent pas mauvais, non il ne dégage pas une odeur rance. Le parfum malodorant vient de là- haut. De ceux qui puent la haine des pauvres et des étrangers.