Trump, Biden... Assange

par Philippe Allienne
Publié le 8 janvier 2021 à 13:56

Les événements qui viennent de se dérouler à Washington donnent froid dans le dos et, à cette heure, il serait présomptueux de tenter de prévoir l’avenir des prochaines semaines ou des prochains mois. On peut toujours y voir une opération de pieds nickelés à l’américaine. Il n’empêche qu’ils s’en sont pris à un bâtiment institutionnel, à la représentation parlementaire, c’est-à-dire à la représentation du peuple. Derrière, le sinistre Trump révèle au grand jour son profil fasciste. Il n’est pas seul. Ceux des Républicains qui le suivent (en ne le désavouant pas et, au contraire, en l’approuvant dans son refus de la défaite) laissent augurer le pire. Quoi qu’il en soit, et sauf nouveau rebondissement qui relèverait du terrorisme, c’est bien Joe Biden qui va prêter serment dans quelques jours pour siéger dans le bureau ovale durant les cinq prochaines années. Nous avons, dans ces colonnes, fait part de nos réserves sur le caractère et les ambitions du candidat « démocrate ». Il sera par exemple très attendu, sans réelle illusion, sur sa politique internationale. Dans l’immédiat, il en est un qui a des raisons de se faire du souci. Il s’agit de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks actuellement détenu dans les geôles britanniques. Évidemment, il s’est trouvé de nombreuses plumes pour se réjouir du refus de la justice londonienne de l’extrader vers les États-Unis où il est poursuivi pour espionnage. La grande Amérique lui reproche d’avoir publié des centaines de milliers de documents confidentiels et, ce faisant, d’avoir mis en danger des sources des services américains. Pensez donc, il aurait révélé la mort de civils tombés sous les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. Parmi eux, il y avait deux journalistes de l’agence Reuters. Pour les « States », une telle révélation est inadmissible. Ils sont, la France vient de le rappeler à l’occasion de l’opération fasciste au Capitole, une des plus vieilles démocraties au monde. Peu importe. Les Britanniques refusent l’extradition, le dossier n’est pas clos, et de toute façon, Assange reste enfermé. Alors on nous dit : Oui, mais ce n’est rien au regard de ce qu’il subirait dans les prisons américaines. Pour l’Amérique, il est passible de 175 ans de prison (ils sont comme ça là-bas, ils croient en la vie éternelle). D’autres disent qu’il serait enterré vivant. L’art de la figure de style. Il a fait quoi Assange, sur le plan de la diffusion d’informations ? Il a informé. Pour une démocratie, cela devrait sembler normal. Alors, pourquoi demeure-t-il enfermé ? Barak Obama (qui n’était pas vraiment un ange, d’ailleurs que sait-on des anges ?) avait renoncé à le poursuivre. Trump voudrait au contraire le pendre lui-même par ce que l’on devine. Mais, revenons en arrière : le vice-président d’Obama, un certain Joe Biden, parlait d’Assange comme d’un « terroriste high-tech ». Et dans cette expression, nous entendons bien-sûr « high tech ». Quand on regarde attentivement, partout dans le monde (et d’abord à Calais, à Lille, à Paris, et caetera), la liberté d’expression est très mal en point pour ceux qui ne sont pas terroristes. Ou fascistes. Ce qu’il vient de se passer au Capitole n’a rien d’anodin. Cela n’aura bientôt plus rien d’exceptionnel.