Ces derniers souhaitaient, et méritaient, une augmentation salariale de 300 euros net. Les 183 euros, accordés en deux temps (90 € en septembre puis 93 € en mars 2021), sont loin du compte. Selon le ministre de la Santé, cette augmentation concernerait les sages-femmes qui se disent, à raison, abandonnées. L’augmentation pour les infirmières serait de 220 euros net. Il n’empêche. Comment le personnel hospitalier (ne parlons pas des autres soignants) peut-il encore faire confiance à son ministre de tutelle ? Comment ce dernier peut-il espérer attirer et retenir les jeunes dans les établissements publics ?
L’avenir semble résolument ouvert au secteur privé quand les jeunes en question ne partent pas soigner de l’autre côté des frontières.Le second volet du Ségur comporte trois piliers : « définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service de la qualité des soins », « simplifier les organisations et le quotidien des équipes de santé pour qu’elles se consacrent en priorité à leurs patients », « fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers ». On peut reconnaître un coup de pouce à l’investissement hospitalier et sur le médico-social. L’enveloppe de 2,5 milliards sur cinq ans représente une augmentation de 17 % par an sur cinq ans. Jusqu’à présent, les investissements hospitaliers s’élèvent à environ 3 milliards d’euros par an. Dans le secteur médicosocial, un quart des places en Ehpad seraient « rénovées, accessibles et conformes à la rénovation énergétique » confirme Olivier Véran.
En revanche, la générosité de l’État est prise à défaut concernant la création de lits d’hôpitaux. « On ne verra plus les patients attendre sur un brancard dans les couloirs », promet le ministre. Comment cela sera-t-il possible avec la création de 4000lits« à la demande » ? Il s’agit,en somme, non pas de créer des lits proprement dits, mais de permettre aux établissements de s’adapter à une suractivité saisonnière ou épidémique et, s’il le faut, de fluidifier l’aval des urgences
Ainsi, le Ségur tire la leçon de la pandémie de Covid-19 en « adaptant » les besoins quand il le faut. En aucun cas il ne répond à la demande de ceux qui sont au fait de la réalité : les médecins et les représentants syndicaux des personnels hospitaliers. Les médecins tenaient aussi à la suppression de la tarification à l’activité (T2A). Là encore, ils n’ont pas été entendus. Le Ségur a opté pour une demi-mesure en réduisant la part de la T2A au profit de modes de financements alternatifs. On peut parier que le 17 septembre, les semelles des soignants battront le pavé avec ardeur.