Violence

par Philippe Allienne
Publié le 23 août 2019 à 11:38

Depuis le début de l’année, il est une actualité qui n’a de cesse d’envahir la presse, les ondes, les JT, réseaux sociaux et sites internet : c’est cette violence populaire qui agite le monde politique. Plus précisément, il faut parler de la prétendue tentation violente qui mobilise quelques groupes contre la politique défendue par Emmanuel Macron.

Tâchons de faire clair : Au départ, des membres portant gilet jaune ou pas n’hésitent pas à user d’arguments « frappants » pour soutenir les revendications portées par le mouvement social apparu en novembre dernier. Les journalistes en savent quelque chose.

Mais des sommets sont atteints avec ce que l’on appelé la « prise de l’arc de Triomphe », le 1er décembre 2018, puis avec l’épisode qui, en janvier, a vu la porte du secrétariat d’ État de Benjamin Griveaux, alors porte parole du gouvernement, défoncée à l’aide d’un engin de chantier.

A chaque fois, jugent les observateurs zélés, « c’est la République qui est visée » . L’ombre fasciste des années 30 plane sur les élus macronistes pour qui toute forme de violence est bien sûr inacceptable. Comme ils ont raison de le dire et de le penser ! A commencer par Benjamin Griveaux lui-même dont on connaît la condescendance et les propos assassins contre «  ceux qui fument des clopes et roulent au diesel » , contre les manifestants qu’il traite d’ « émeutiers » ,contre ses propres amis et concurrents : « Il y a un abruti chaque jour qui veut être maire de Paris. »

M Griveaux n’aime pas la contestation, se méfie de la presse et n’écoute pas le peuple. Il n’est guère le seul, lui qui représente si bien le « macronisme ». L’autre type de violences pointées par les élus de LREM porte sur ceux qui s’attaquent aux permanences parlementaires des élus qui ont ratifié le CETA. Aurore Berger dénonce un « climat malsain et nauséabond ».

Commentant la longue liste des permanences taguées, murées, dégradées ou envahies par les tas de fumier, c’est la démocratie qui est en danger, estime t-elle. Maudits agriculteurs qui ne songent qu’à leurs intérêts mais que l’on préférait choyer lorsqu’ils portaient un bonnet rouge. On notera au reste que lorsqu’un élu communiste fait l’objet de violences, la colère officielle baisse de plus d’un ton.

Alors, bien évidemment, détériorer une permanence parlementaire, ce n’est pas bien. Mais les élus de la LREM entendent ils ceux qui les accusent d’être sourds à leurs craintes et à leur souffrance et de passer en force pour accepter un traité de libre échange dangereux à la fois pour notre agriculture, nos élevages, notre santé ?

La violence la plus dangereuse n’émane pas d’un peuple malade de n’être pas écouté, malade que l’on parle en son nom pour trahir ses aspirations. La violence est dans l’acceptation d’un traité imbécile. La violence est dans les milliers d’arrestations de manifestants. La violence est dans l’utilisation d’armes offensives contre celles et ceux qui réclament une vie meilleure. La violence est dans la mort d’une dame âgée qui se penche à sa fenêtre.

La violence est dans les coups portés sur une autre dame âgée qui manifeste. La violence est dans la justification de ces coups. La violence est dans les chiffres du chômage. La violence est dans la politique-sanction contre les chômeurs. La violence est dans l’attaque de notre système de retraite. La violence est dans la destruction du programme de la Résistance. La violence est dans la volonté de supprimer définitivement les jours heureux.