Cantines de Lyon : le bal des faux-culs

Publié le 5 mars 2021 à 11:28

Je ne suis pas vegan. J’ai, comme beaucoup de gens semble-t-il aujourd’hui, diminué ma consommation de viande. Ce n’est pas que je n’aime plus ça, mais il se trouve que mon alimentation change avec l’âge. Les légumes et les fruits de saison m’enchantent davantage et j’ai hâte de voir revenir tomates et gariguettes sur l’étal des maraîchers. Et puis il y a vegan et vegan. Quand ça vire à l’idéologie, il est sûr que c’est ennuyeux. L’honnête végétarien est apparu en France dans les milieux anarchistes dans les années 1900. Il était déjà question de diététique, d’écologie et d’antispécisme. Mais comme pour le féminisme, les idées peuvent devenir folles. Le véganisme, poussé à l’extrême aujourd’hui, refuse toute exploitation animale et finit par préférer les fibres synthétiques et le Skaï, infiniment plus nuisibles à l’environnement. Ces précautions d’usages prises, pour en revenir à l’affaire des cantines des écoles lyonnaises, j’ai tout de même l’impression d’un joli bal de faux-culs. Dans une haine rabique des Verts, voilà le maire de Lyon cloué au pilori par la droite, l’extrême droite et même une partie de la macronie. Personne ne semble, de ce côté-là, avoir digéré la prise d’une série de grandes métropoles par des édiles écolos. On les scrute de près, ces islamogauchistes avec leur écriture inclusive. Bref, cette histoire de menus sans viande, c’était du pain béni. Grégory Doucet, le maire de Lyon, pouvait concentrer les foudres de tous ceux qui voient d’un mauvais œil les Verts devenir une force politique importante et enracinée. Peu importe que la même décision, des menus sans viande, ait été prise par Gérard Collomb au début de l’épidémie : « Il y aura un repas sans viande, avec légume et poisson, expliquait ainsi Gérard Collomb en mai 2020 sur l’antenne de BFM Lyon, afin de ne servir qu’un repas unique par jour afin d’accélérer les horaires de passage des élèves à la cantine. » Barbara Pompili, l’actuelle ministre de la Transition écologique, a même tenté de montrer le ridicule de la querelle mais elle n’a guère été entendue par Darmanin et d’autres poids lourds, trop heureux de trouver l’occasion de dénoncer « une idéologie scandaleuse » de la part de Doucet. Décidément, chez les macronistes, tout ce qui n’est pas eux les scandalise en ce moment. Il n’y a qu’une seule ligne possible dans les écoles et à l’université : la leur. Bien entendu, ne soyons pas naïfs, Doucet est aussi faux-cul que ses adversaires pavloviens. Quand bien même, sa mesure, explicitement transitoire, peut se justifier d’un point de vue sanitaire, il l’a annoncée à grands coups de clairon pour voir qui sortait du bois et évaluer le rapport de force… Il est bien triste cependant de voir une telle hystérisation du débat politique, où la politique se mue en choc frontal sur le moindre non-événement. On voudrait finir par « trumpiser » notre démocratie qu’on ne s’y prendrait pas autrement.