L’exact envers

par JEROME LEROY
Publié le 2 juin 2023 à 11:45

Le courage en politique, c’est rare. En tout cas chez nous. En revanche, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez, qui tire les conséquences de ses revers électoraux du week-end dernier alors que rien ne l’y oblige, en a du courage. Rappelons les faits. Les élections régionales et municipales ont tourné à la débâcle pour la gauche. Podemos, qui est la variante espagnole de LFI, se retrouve rayé de la carte et passe sous la barre des 5 %. Pedro Sanchez, lui, finalement pourrait jouer la montre. Il a préféré dissoudre son parlement alors que rien ne l’y oblige. Il prend acte de la victoire de la droite et de la percée de l’extrême droite Vox, devenu le troisième parti espagnol : il faut croire que les anti-corps contre l’infection fasciste créée par quarante ans de franquisme s’effacent dans les mémoires. Alors Pedro Sanchez préfère affronter la Bête. Pedro Sanchez assume. Assumer est un des verbes préférés de Macron. Sauf que lui, il n’assume rien du tout. Il fait face à une contestation sociale sans précédent mais il s’obstine à vouloir tourner la page comme si rien ne s’était passé. Il ne peut plus se déplacer sans sa garde prétorienne mais il continue à annoncer des réformes sans même que ses ministres soient vraiment au courant. Il consulte des économistes, des sociologues mais il nous ressort le concept directement employé à l’extrême-droite de « décivilisation » directement emprunté à l’extrême droite pour exploiter des faits-divers atroces alors que Marine Le Pen est devenue la personnalité politique des Français et qu’il n’a même pas été apporté son soutien au maire de Saint-Brevin agressé par des milices racistes. Et quand une loi est déposée par le groupe Liot pour abroger la retraite à 64 ans, sa seule préoccupation, encore une fois, est de tripoter la constitution et de faire pression sur la présidente de l’Assemblée en oubliant la séparation des pouvoirs pour pouvoir éviter tout débat.