La corbeille

par JEROME LEROY
Publié le 24 mars 2023 à 11:06

L’utilisation du 49.3 met le feu, au propre et au figuré au pays. Même la minorité présidentielle des députés s’est sentie offensée mais certains commentateurs ont décidé d’en faire l’éloge au nom du gaullisme, histoire de choquer le bourgeois, sans doute. Pas seulement le bourgeois d’ailleurs, mais aussi le monde du travail. On rappellera la persistance de ce chiffre accablant : 9 actifs sur 10 contre ce projet. Une chose est certaine, ces commentateurs ne sont pas gaullistes. Il a toujours existé une forme de respect entre les gaullistes et nous, les communistes, pour des raisons qui se jouent du côté de la Résistance. Le gaullisme, depuis le 18 juin 40, n’a d’ailleurs jamais été une légalité mais bien plus une légitimité. Se féliciter du 49.3, qui est légal, c’est oublier la légitimité du soulèvement antilibéral du peuple français. C’est oublier la radieuse exception qu’il représente dans son refus. Ce que les commentateurs autorisés voient comme une aberration, - quoi, on refuse d’être aussi esclaves que nos voisins ? -, c’est précisément son honneur. Répétons-le, la France glisse tranquillement dans une démocrature qui, on peut l’espérer, sera mise en échec. Une attitude gaulliste de Macron, précisément, consisterait dans la situation actuelle à démissionner ou à dissoudre l’Assemblée nationale ou à retirer son projet. Une dernière chose et non des moindres : l’obstination de Macron, de son propre aveu, s’explique par le fait qu’il n’est pas au service du peuple français. Après le coup du 49.3, il s’est justifié en déclarant : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » De Gaulle, lui, en d’autres temps, avait dit dans une conférence de presse en 1966, en réponse à un journaliste qui aujourd’hui travaillerait comme économiste de garde sur les chaînes infos : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. » Cherchez l’erreur.