Pour en finir avec le virus, finissons-en avec la Ve !

Publié le 4 décembre 2020 à 12:15

La chose qu’à titre personnel, j’aurais eu le plus de mal à supporter, depuis le mois de mars de l’année dernière, c’est le caractère divin de la parole présidentielle, la manière dont l’ensemble de la population est suspendue aux discours de Macron à 20 h tapantes. Qui est Macron, à ce moment-là ? Le président élu, certes. Mais c’est aussi un homme seul derrière son bureau qui a décidé en dernier ressort de ce qu’il serait possible de faire et de ce qui ne le serait pas. Il décide si vous pourrez aller travailler, et comment. Si vous irez à l’école et comment. Il décide même, jusqu’au ridicule, de ce que vous pourrez consommer ou pas. L’infantilisation est totale. C’est la Constitution de la Ve République qui lui donne ce pouvoir exorbitant et humiliant pour les citoyens d’une démocratie. La perversité de la Cinquième République, c’est qu’elle est séduisante même pour celui qui l’avait toujours condamnée, une fois qu’il est élu. L’exemple le plus éclatant de cette séduction, c’est Mitterrand, inlassable pourfendeur de cette Constitution qu’il qualifiait de coup d’État permanent mais qu’il a trouvée, une fois élu, tout à fait confortable. Quant à Macron, évidemment, dès le soir de l’élection, on a bien compris avec la métaphore jupitérienne, que son entreprise de soi-disant modernisation de la France s’exercerait dans tous les domaines, sauf dans celui de son pouvoir absolu qui lui permet aujourd’hui de prendre ses décisions sanitaires et politiques par l’intermédiaire d’un Conseil de défense qui a, de facto, remplacé le Conseil des ministres. Le Conseil de défense, c’est « the place to be » de la dictature en marche. Regardez par curiosité la composition de cette instance. Il n’y a pas d’élus de terrain et ses membres sont tenus au secret défense. On pourrait au moins y associer des parlementaires ou des maires de grandes villes. Mais non, la pandémie est une affaire trop sérieuse pour la laisser, de près ou de loin, au peuple qui en est pourtant la première victime. Chaque allocution présidentielle me paraît donc comme un archaïsme effrayant et liberticide. Je me sens beaucoup plus atteint dans mes libertés par le fait de dépendre de cette seule parole que d’être obligé de porter le masque ou de remplir une attestation certes kafkaïenne. Ce sont certes des atteintes à ma liberté mais plutôt moins que la loi sécurité globale qui inquiète même l’ONU et la Commission européenne car évidemment, avec une telle Constitution, la tentation est grande quand on dispose d’un tel pouvoir, de profiter de la pandémie pour négocier un virage autoritaire, voire franchement illibéral. La façon dont une partie importante de la police s’est transformée en garde prétorienne de plus en plus autonome qui fait peur jusqu’au macronisme qui l’a pourtant créée par l’intermédiaire de Darmanin en est, ces jours-ci, la preuve la plus éclatante.