Si le Covid n’avait pas existé…

par JEROME LEROY
Publié le 11 décembre 2020 à 12:07

Si le Covid n’avait pas existé, on n’aurait pas vu aussi vite que, chez Macron, son incompétence dépassait largement son arrogance. Si le Covid n’avait pas existé, on ne connaîtrait pas le nom du professeur Raoult et, sincèrement, on s’en passerait très bien. Si le Covid n’avait pas existé, on n’aurait pas vu, ou pas aussi vite, dix millions de Français dans la pauvreté. Si le Covid n’avait pas existé, l’Académie française n’aurait pas décidé que Covid était du féminin alors que tout le monde l’employait déjà au masculin. Si le Covid n’avait pas existé, on n’aurait jamais autant entendu parler des restaurateurs, des gérants de salles de sport et des cafetiers et on n’aurait pas su à quel point ils étaient bien plus essentiels à la société que les soignants, les enseignants, les ouvriers de Bridgestone, les travailleurs précaires. Si le Covid n’avait pas existé, on n’aurait jamais compris à quel point faire du ski et prendre une remontée mécanique était un droit de l’homme ni à quel point ne pas avoir le droit de franchir une frontière pour aller skier en Suisse était une insupportable atteinte à la liberté de l’ouvrier de chez Bridgestone qui ne pourra pas se détendre pour oublier son licenciement. Si le Covid n’avait pas existé, je n’aurais pas appris qu’il n’existait pas grâce aux complotistes ou que ce n’était qu’une grippette qui allait tuer quelques Chinois grâce au professeur Raoult que je n’aurais pas vu se tripoter la barbichette toutes les deux minutes en expliquant que c’était surtout une maladie « de contact ». Si le Covid n’avait pas existé, les lois sur la sécurité globale et le séparatisme auraient quand même été mises sur le tapis, mais peut-être pas aussi vite. Si le Covid n’avait pas existé, j’aurais juste cru que Blanquer était un épouvantable ministre de l’Éducation nationale, capable de manipuler des lycéens pour leur faire créer des syndicats collabos, mais je n’aurais jamais imaginé qu’il soit menteur au point de ne jamais donner de chiffres réels sur les contaminations en milieu scolaire et en particulier dans les collèges et les lycées. Si le Covid n’avait pas existé, nous n’aurions pas découvert des gens se prétendant journalistes ou éditorialistes sous-entendre que, quand même, c’était cher payé pour sauver quelques babyboomers octogénaires qui de toute façon en avaient bien profité. Et nous offrir ainsi une version 2.0 du darwinisme social pour les nuls. Si le Covid-19 n’avait pas existé, je n’aurais jamais trouvé que ce proverbe un peu bêta, « avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure », illustrait parfaitement la politique sanitaire du gouvernement qui prend systématiquement ses décisions avec quinze jours de retard et garde ce retard comme si le virus, comme on dit aux échecs, avait les blancs, c’est à dire un coup d’avance. Et pour toute la partie.