Le prix du gaz en nette baisse... mais pas pour les consommateurs

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 4 novembre 2022 à 14:01

Peu de gens sont au courant : le prix du gaz a baissé des deux tiers. Non pas sur les factures des consommateurs, mais sur les marchés où les fournisseurs s’approvisionnent. Vendu plus de 300 euros le mégawattheure (MWh) fin août, le gaz est redescendu à moins de 100 euros ! Cela s’explique par l’abondance de stocks en Europe, favorisée à la fois par une moindre utilisation du gaz dans les entreprises soucieuses de réaliser des économies, et l’achat de quantités importantes de gaz naturel liquéfié en remplacement du gaz russe.

Non seulement il n’y a pas de pénurie, mais l’offre tend à dépasser la demande, d’où la baisse importante des cours. Or cette chute du prix de gros ne se retrouve pas, en bout de chaîne, sur les factures des consommateurs ! Un peu comme pour les prix à la pompe quand les baisses du coût du pétrole brut sont généralement répercutées avec retard et souvent partiellement, tandis que les hausses le sont quasi-automatiquement.Autre question : pourquoi le tarif réglementé va-t-il augmenter de 15 % au 1er janvier 2023 ? À ces interrogations, il est répondu que « la tendance de long terme est au renchérissement  ». Autrement dit, les prix risquent de remonter. Le rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publié le 27 octobre, confirme : «  les prix du gaz devraient rester plus élevés dans les dix ans à venir qu’ils ne l’ont été au cours de la décennie passée  ».

Certes, on comprend bien que les tarifs ne peuvent varier en permanence au gré des fluctuations des cours de marchés. N’empêche, ces cours ayant chuté des deux tiers, peut-être serait-il possible de réajuster les tarifs, à tout le moins d’éviter cette augmentation de 15 % en guise d’étrennes ? En attendant, cette situation doit profiter à certains négociants ou fournisseurs d’énergie. Pour rappel, le groupe Engie, principal fournisseur de gaz en France, a plus que doublé son bénéfice net au premier semestre 2022, le portant à 5 milliards d’euros.

  • Le gaz deux fois plus cher qu’en 2020. Dans le cadre du tarif réglementé du gaz, le prix hors taxe du kWh facturé aux usagers est passé de 0,03420 euro en octobre 2020 à 0,06430 euro en octobre 2022. En deux ans, le prix a donc quasiment doublé.