Ils étaient fiers les députés d’extrême droite, ce jeudi 12 janvier. Pensez ! Ils disposaient d’une niche parlementaire à l’Assemblée nationale. Normal, comme ils sont élus, qu’ils ont leur groupe, ce moment leur revient de droit. La niche, c’est cette séance mensuelle (à l’Assemblée comme au Sénat) durant laquelle l’ordre du jour est fixé par les parlementaires eux-mêmes, et non par le gouvernement. Nous parlons plus précisément des groupes d’opposition et minoritaires. Et que trouvait-on dans l’ordre du jour des élus du Rassemblement national ? Entre autres propositions de loi : le port de l’uniforme à l’école et dans les collèges publics. Et voilà cette vieille peau de serpent de mer qui ressurgit. Dans un océan de préoccupations sociales inégalé, le débat porte sur l’opportunité d’imposer une mode vestimentaire à nos jeunes. Le RN assure que ce serait bien pour la République et pour les établissements eux-mêmes car cet uniforme serait siglé, ou aux couleurs de l’école ou du collège. Voilà en effet qui serait de nature à gommer les différences, à rétablir l’égalité (qui n’existe donc pas) et… à dissimuler les signes distinctifs relatifs à la religion (cachez ce foulard, ce voile ou ce bandana qu’on ne saurait voir…). En plus, ce serait un retour à une pratique qui a fait ses preuves. Ah bon ? Jamais elle n’a été appliquée sous la République française. Napoléon peut-être, mais pas la République. Émanant du Rassemblement national, cette proposition ne peut nous surprendre. Mais les élus épris d’un ordre nouveau ne sont pas seuls. Hélas. Plusieurs députés macronistes, le groupe Renaissance, se penchent sérieusement sur la question du « port d’une tenue scolaire commune ». Ils y travaillent depuis novembre. Ils pensent à des expérimentations locales dans des établissements scolaires qui seraient volontaires. Nul doute qu’ils vont trouver. Évidemment, il faudra penser au retour du costard-cravate et au cartable de cuir pour tous les profs. À la jupe noire sur le genou pour toutes les profs. Et à ce propos, peut-être faudrait-il aussi abolir la mixité et reconstruire des murs dans les écoles. Les dirigeants afghans l’ont fait, vif succès. Mais ces tenants d’un ordre vestimentaire uniforme ont trouvé une alliée de taille. Elle s’habille peu chez Kiabi et beaucoup moins chez Camaïeu. Elle se nomme Brigitte. Elle est une championne. La première dame de France, c’est elle, se dit « favorable au port de l’uniforme à l’école, à la condition que la tenue soit simple et non “tristoune” ». L’uniforme, elle connaît, elle l’a elle-même porté lorsqu’elle avait quinze ans et qu’elle fumait des bonbons à la menthe sans forcément sucer des bonbons à l’anis. Jupette bleu marine, pull bleu marine. « Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques. » C’est son argument. Que dire ? C’est comme cela que l’on fait de bons Français et de bonnes Françaises façon RHaine. Rompez !