Les fausses annonces du gouvernement

Publié le 29 octobre 2021 à 10:55

Le Premier ministre Jean Castex l’avait pourtant affirmé lors d’un journal télévisé de 20 heures sur France 2 : chaque retraité, pris individuellement et percevant moins de 2 000 euros de pension bénéficierait de la prime inflation de 100 euros. Le journaliste présentateur lui avait même fait répéter pour que cela soit bien clair. Et Castex avait répété. Et puis, on a appris subrepticement, ces jours-ci, que cela ne se fera pas comme annoncé par le chef du gouvernement. Le critère finalement retenu pour obtenir la prime ne sera pas le seuil de 2 000 euros de pension, mais le taux de CSG imposé aux retraités, qui varie selon le montant de sa pension. Il existe trois taux de CSG : 3,8 %, 6,6 % et 8,3 %. Ceux imposés à 8,3 % ne toucheront pas la prime. Voilà qui permet d’éliminer beaucoup de retraités qui touchent moins de 2 000 euros de pension mais qui, vivant en couple avec un autre retraité, se retrouvent taxés à hauteur de 8,3 % dès lors que les revenus des deux atteignent 35 500 euros. Ce mode de calcul appliqué aux retraités rend d’ailleurs caduque le seuil de 2 000 euros, y compris pour les retraités vivant seuls. Il leur faudra, en fait, ne pas dépasser 1 943 euros de revenus et non pas 2 000. Pour le gouvernement qui, en plus, ne versera cette prime aux « heureux » élus que dans... au bas mot, quatre mois, il n’y a pas de petites économies. Il le fait sur le dos des pensionnés, mais pas seulement. Ce jeudi 28 octobre, dans la matinale de France Inter cette fois, la ministre du Travail Élisabeth Borne a bien confirmé que les deux dernières mesures de la réforme de l’assurance-chômage s’appliqueront bien à compter du 1er décembre. Il s’agit bien sûr du durcissement des règles de calcul. Il faudra désormais avoir travaillé six mois et non plus quatre mois pour bénéficier d’une allocation-chômage, et la dégressivité s’appliquera au-delà du 6e mois et non pas du 8e mois comme aujourd’hui pour les salaires au-delà de 4 500 euros. Officiellement en vigueur depuis octobre, ces mesures avaient été reportées en attendant une amélioration du marché de l’emploi. C’est fait. Pour le gouvernement, l’emploi va très bien. On peut donc taper sur ces fainéants de chômeurs. Quoi de mieux que des retraités et des demandeurs d’emploi pour frapper impunément et faire des économies ? Il paraît que les uns et les autres sont difficilement mobilisables. Pour les retraités en tout cas, le gouvernement a la mémoire courte. Reste les jeunes. Le gouvernement leur avait promis un revenu d’engagement. On sait déjà depuis quelque temps qu’il a réduit sa cible. Jusqu’où Emmanuel Macron et ses ministres pourront-ils aller trop loin ? Jusqu’où pousseront-ils leur mépris ?