Libéral un jour, libéral toujours

par Philippe Allienne
Publié le 11 mars 2022 à 11:36

Notre chef de guerre, Emmanuel Macron, aura tardé à entrer en campagne. Mais voilà. C’est sûr, il est candidat à sa succession à l’Élysée. En toute modestie évidemment. N’a-t-il pas d’ores et déjà prévenu ses équipes qu’il vaut mieux éviter d’avoir trop confiance en soi ? À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Or, la guerre en Ukraine rebat les cartes. Du reste, avant la guerre, il y avait la présidence du conseil de l’Union européenne qui l’empêchait de se déclarer trop tôt. Il n’empêche, cette campagne restera sans doute inscrite dans l’Histoire. Nous le savons, il y aura peu de débat entre le président sortant et les autres candidats. Mais aura-t-il le temps de nous expliquer son programme ? Pas de souci. Il a déjà commencé. Un sucre par jour, c’est la dose prescrite. D’abord le 7 mars. Magistral, il annonce que lorsqu’il sera réélu (pourquoi douter ?), il proposera la suppression de la redevance télé. La belle affaire ! Les micro-trottoirs se mettent aussitôt en marche. « 135 euros que je peux me mettre dans la poche, je ne crache pas dessus ! » dit cette auditrice ravie d’économiser en temps de crise. Évidemment, à droite et à l’extrême droite, on rigole moins. Macron leur piquerait leurs idées ! En fait, il ne vole rien. Il est naturellement le président libéral qu’il a toujours été. Cette proposition, qui emprunte à ce qu’a fait la Grande-Bretagne pour tuer la BBC, vise à sacrifier le service public audiovisuel. Logique, ce gouvernement s’en prend depuis toujours au service public en général. N’oublions pas non plus que ce même Emmanuel Macron affirmait il y a peu que le service audiovisuel public était « la honte de l’État ». Après cette très belle entrée en matière, le nouveau et dernier candidat déclaré poursuit sur sa lancée, et il le fait à cœur joie. Les retraites ! Le fameux dossier des retraites. Vous vous êtes battus comme des braves contre mon projet de retraite à points, contre ma volonté de faire une réforme systémique ? Bravo, vous avez gagné. Je retire la retraite à points et je vous mets dans les narines une retraite à 65 ans. C’est pas beau ça ? D’ailleurs, si vous aimez votre travail, vous ne verrez aucun inconvénient à poursuivre. Comme chantait Moustaki, « nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer ». Mais le gâteau n’est pas dépourvu de cerise. La retraite à 65 ans (minimum bien sûr) va permettre de réaliser de très, très substantielles économies. Alors, comme cela, on pourra financer une réforme sur le grand âge, celle qui a été oubliée durant le quinquennat en cours. Libéral un jour, libéral toujours.