Poisson d’avril contre Poutine

par Philippe Allienne
Publié le 24 mars 2022 à 21:47

Les sanctions contre la Russie vont bon train. Mais elles créent aussi beaucoup de débats entre les va-t-en guerre, les indécis et les hésitants, les convaincus. Se priver complètement du pétrole et du gaz russe, par exemple, ne va pas sans expliquer qu’il va falloir faire des sacrifices et accepter d’avoir un peu froid. À moins que… l’on ne s’approvisionne en gaz de schiste. C’est l’option choisie par Engie qui, histoire d’anticiper sur le pire, a décidé d’étendre son contrat d’importation avec l’américain Cheniere Energy, le spécialiste du gaz naturel liquéfié. Rappelons qu’Engie a pour principal actionnaire l’État français, à hauteur de 23,64 %. Or, l’exploitation du gaz de schiste est interdite en France. Elle nécessite en effet un forage entre un et trois mètres de profondeur, des quantités d’eau abyssales et des produits chimiques afin de briser les roches. Tout cela est affreusement polluant et menaçant pour les nappes phréatiques et l’approvisionnement en eau potable. Il n’y a d’ailleurs pas si longtemps, le candidat communiste à la présidentielle faisait remarquer que la France avait recours à ce gaz qu’elle importe, pour une toute petite partie, des USA. Personne le l’avait contesté. Et Engie se défend en rappelant que le gaz russe représente 20 % de ses approvisionnements. Alors, si l’on ferme les robinets, il faut bien vivre. On sait que la vie n’est guère plus facile lorsqu’il s’agit d’appliquer des sanctions économiques contre Poutine, pour des entreprises comme Renault. Le constructeur français possède 68 % des parts de son collègue russe Avtovaz qui construit la Lada. Sommée de partir, la marque au losange négocie la cession de ses parts. Elle avait investi 1,7 milliard d’euros et risque de tout perdre. Pire que cela, selon le magazine Challenges, la Chine pourrait ensuite récupérer le bébé ! Dur dur aussi pour TotalEnergies qui ne peut plus faire face aux pressions. Le pétrolier décide finalement de ne plus acheter de pétrole russe, mais d’ici la fin de cette année ! Pour le gaz, c’est une autre histoire. TotalEnergies est actionnaire à plus de 16 % du numéro deux du gaz russe Novatek et détient 20 % de Yamal LNG. Ne parlons pas de la galaxie Mulliez. Leroy Merlin veut rester en Russie pour protéger ses salariés et ne pas faire l’objet d’une confiscation. Alors les sanctions… Non franchement, il y a plus simple pour faire mourir Poutine de peur. La Fédération internationale féline l’a bien compris. Elle a exclu les chats russes de tous les concours internationaux. Énorme. Elle n’est pas la seule à se montrer aussi offensive contre le dictateur guerrier. Dans le Pas-de-Calais, c’est le port de Boulogne-sur-Mer qui cogne sec : la Russie vient d’être exclue du concours international de filetage de poissons de Capécure. Ce n’est pas un poisson d’avril. Poutine, t’es foutu, le merlan est dans le ru.