Dis-moi qui te recase, je te dirais pour qui tu roules en politique. Sortie du gouvernement en juillet 2020, l’ancienne directrice-adjointe de Dassault Systèmes, ancienne directrice des ressources humaines de Danone, ancienne directrice générale de Business France, ancienne administratrice du groupe Orange, d’Aéroports de Paris, de la Fondation Bettendourt Schueller (L’Oréal) et on en passe, en un mot Muriel Pénicaud, avait été bombardée ambassadrice de la France auprès de l’OCDE. Mais, l’ex-ministre du Travail visait plus haut. Elle se rêvait à la tête de l’Organisation internationale du Travail. Hélas, le coup manqua. Peut-être le fait d’avoir pourfendu le code du travail français, joua-t-il contre elle ? Qu’à cela ne tienne, la multinationale du travail intérimaire Manpower l’a repêché, lui réservant un siège d’administratrice en son sein. Evidemment pas à titre bénévole. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a cependant prévenu l’intéressée qu’elle « devra s’abstenir de réaliser toute démarche, y compris de représentation d’intérêts » auprès de ses anciens collègues ministres ou membres de son cabinet, « jusqu’à l’expiration d’un délai de trois ans ». Il suffira donc, pour elle, d’attendre un peu.Mais, il n’y a pas que Muriel Pénicaud. Brune Poirson, ex-ministre de la Transition écologique, travaille désormais pour le groupe hôtelier Accor. Son ancien collègue Julien Denormandie a été nommé directeur chez Sweep, pour aider, par exemple, Saint-Gobain et JCDecaux à mesurer leurs émissions de carbone. Jean Castex a pris les commandes de la RATP. Jean-Michel Blanquer, mis KO lors des législatives, outre un poste imposé à l’Université, se reconvertit doucement dans le privé avec la création de l’école de la transformation écologique de Veolia. Enfin, Christophe Castaner, le « Monsieur répression des Gilets jaunes » va cumuler deux fonctions. Nommé au conseil de surveillance du port de Marseille, il présidera, en plus, la Société du tunnel du Mont-Blanc. La mer et la montagne « en même temps »... que demander de plus ? Cumul aussi pour l’ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari qui a vite retrouvé un travail, enfin... disons un poste, et même deux. En fait, il en visait trois, par peur de manquer sans doute. Le premier, c’est un siège au conseil d’administration d’Hopium, constructeur de voitures à hydrogène. Le second, c’est à la tête d’une société de conseil qu’il est en train de monter, mais pour laquelle la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a posé quand même des conditions strictes : interdiction de toute démarche auprès des membres du gouvernement ou des administrations. Le troisième, c’était une filière sur le transport spatial qu’il envisageait de créer avec le richissime armateur CMA CGM. Mais là, la ficelle ayant la grosseur d’un câble, la Haute autorité a dit stop, au motif de « risques déontologiques substantiels ». Hormis ce contre-temps, les passerelles entre la Macronie et le monde des affaires fonctionnent bien.
Tout va bien, les « recasés » vont bien
Publié le 28 novembre 2022 à 11:56
Que sont-ils devenus, ces ministres macronistes qui ont perdu leur place, parce que battus aux dernières législatives, ou simplement parce que leur étoile avait un peu pâli ? Que les inquiets se rassurent, aucun n’a eu besoin de passer par Pôle Emploi pour se recaser.