Ukraine, Otan et logiques d’escalade

par Philippe Allienne
Publié le 8 juillet 2022 à 11:35

Il paraît que les adolescents s’intéressent peu aux médias qu’ils méprisent au profit des réseaux sociaux. Nous serions tentés de dire que c’est tant mieux. Car à écouter et lire quotidiennement les médias dits « sérieux », il y a de quoi devenir fou. Pourtant, les ados s’intéressent à l’info, au monde qui les entoure, bien plus que ce l’on pense. Gare aux apparences. Or, comment réagit aujourd’hui un jeune (entre 12 et 20 ans) lorsqu’il entend des nouvelles aussi sombres que les rebonds incessants d’une pandémie sur fonds de discours politique incompréhensible ? Comment réagit-il en entendant affirmer que la guerre en Ukraine est partie pour durer longtemps, très longtemps ? À quoi pense-t-il lorsqu’on lui souffle à l’oreille que d’autres puissances pourraient entrer dans cette danse de mort. Quel avenir peut-il envisager ? Voilà les questions que l’on est en droit de se poser quand, après la Russie, c’est la Chine qui pourrait ouvrir les hostilités en s’en prenant à Taïwan. Force est de constater pourtant que les pays membres de l’Otan viennent de produire un nouveau document stratégique ciblant la Russie et la Chine. De quoi s’agit-il au juste ? À quelles nouvelles orientations ces messieurs ont-ils pensé, et avec quelles conséquences graves ? Rien ne filtre vraiment. En France, le Parlement n’a pas été consulté. De la même façon, on ne sait pas comment se négocie la question de l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande. Quant à la demande d’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne, on voit bien qu’elle ne fait elle aussi qu’attiser les logiques d’escalade. C’est ce type de logique, de décisions et de négociations opaques qui laisse entendre que la guerre est là pour durer. Et que, même, elle peut déboucher sur un conflit mondial. Les sanctions prises à l’encontre de la Russie ne semblent rien apporter. Les seules réflexions et initiatives portent finalement, bien au-delà de l’aide humanitaire, sur des livraisons d’armes, sur des demandes d’élargissement de l’Otan, sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Il importe au contraire de lutter contre la fatalité guerrière. L’urgence est de tout faire pour obtenir une victoire de la paix. L’urgence est d’informer les parlementaires des décisions qui sont prises. L’urgence est d’organiser une conférence pour la paix et la sécurité avec les États concernés.