Il aura fallu beaucoup de temps pour que des membres du gouvernement réagissent à la tribune de ces anciens généraux parue il y a plus d’une semaine dans Valeurs actuelles. Encore, la ministre des Armées Florence Parly a-t-elle dit fort peu de choses, se contentant de mépriser une affaire de moindre importance. Cela ne lui en a pas moins valu les attaques acerbes d’un Pascal Praud furieux de l’entendre traiter les militaires en question d’« irresponsables ». Car pour lui, ils n’ont rien dit de choquant et encore moins d’irresponsable puisqu’ils s’intéressent à la bonne santé de notre nation. Que va-t-il donc éructer contre le général François Lecointre qui vient, lui aussi, enfin de réagir. Pour le chef d’état-major des armées, les signataires de la tribune et ceux de l’armée active qui les ont rejoints sont insupportables et, le cas échéant, il y aura de lourdes sanctions. Quant à Christian Piquemal, ce général déjà radié et qui était venu à Calais, en 2016, pour participer à une manifestation anti-migrants, il considère qu’il est « indigne, qu’il salit l’armée et la fragilise ». Mais ce faisant, le général Lecointre invite à ne pas suréagir à un micro-événement qui, pourtant, concerne 8 000 soldats français. Sur 210 000 en activité certes, mais quand même ! On ne peut, en tous les cas, minimiser cette initiative encouragée par une Marine Le Pen qui nous fait redécouvrir son goût pour la force que l’on impose à un peuple. Comment pourra-t-on dire aujourd’hui qu’elle est moins dangereuse que quelques syndicalistes étudiants ? Le texte de généraux en retraite appelle véritablement à une intervention de l’armée, donc à un putsch. La confiance de François Lecointre dans l’armée française et républicaine l’honore. Mais personne n’ignore que cette armée comporte quelques fascistes en son sein, tout comme, parmi les signataires il y a pas mal de sympathisants, voire membres ou anciens membres de l’ex-Front national et de l’actuel Rassemblement national. C’est grave. Le comportement de ces hommes est séditieux et le silence de la plus haute autorité de l’État est ahurissant. Certes, on peut considérer que le fait de publier cette tribune à la date anniversaire du putsh du 21 avril 1961, à Alger, n’est qu’une pitoyable provocation. Mais on peut aussi se souvenir de notre histoire et de celle de cette Ve République. Par exemple, quand le général de Gaulle est revenu au pouvoir, en 1958, les médias et chansonniers de l’époque conspuaient la IVe République, diffusaient de l’antiparlementarisme à qui voulait les entendre et évoquaient la menace d’une guerre civile. Quand on écoute aujourd’hui des médias comme CNews, des émissions comme « les Grandes Gueules », et des aboyeurs comme Pascal Praud, Éric Zemmour, Sonia Mabourck et tant d’autres, quand on entend les commentaires haineux contre la gauche, surtout communiste, contre l’islam, contre ce que l’on appelle trop généralement le séparatisme... voilà qui fait froid dans le dos. Il y aura du travail, d’ici les prochains rendez- vous électoraux, pour expliquer cette bêtise dans laquelle certains et certaines tentent de nous enfoncer. Ils voudraient tant nous dissuader de voter, ou au pire... choisir un bulletin dit « sécuritaire ».
Retraites encore et encore On ne vous dit vraiment pas tout
