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Amérique du Sud

L’impérialisme américain fait de la résistance

par Roland FODÉ-DIAGNE
Publié le 20 août 2021 à 12:04

Haïti ne cesse de payer sa révolution osée de 1804 qui a commencé par le soulèvement du Bois- Caïman en 1791. Le système colonial du capitalisme ne lui pardonne pas d’avoir, à la différence des USA impérialistes, associé l’indépendance et l’abolition de l’esclavage, rappelant en cela que le système capitaliste prédateur, comme l’a montré Marx, repose sur deux piliers : l’exploitation de classe et l’oppression coloniale et raciste. Le même capitalisme à son stade suprême impérialiste fait payer à Cuba d’avoir associé l’indépendance à la suppression du racisme et à l’édification en cours du socialisme.

Corruption des gouvernants libéraux

Les arrestations à Haïti des agents traqués par les populations excédées révèlent une implication des narco-trafiquants colombiens et d’agents haïtiens de la DEA (Drug enforcement administration), une agence états-unienne succursale de la CIA. Haïti, non épargnée par les tremblements de terre, avait reçu une aide majeure du Venezuela bolivarien de Chávez et Maduro et d’une mobilisation financière solidaire internationale qui avaient été dilapidées par la corruption généralisée des gouvernants libéraux semi-coloniaux. Lors des tensions déstabilisatrices du Venezuela par le traître Juan Guaidó suivies des infiltrations terroristes commanditées de la Colombie par la CIA, le peuple haïtien s’était fortement mobilisé pour soutenir la Révolution bolivarienne contre la subversion impérialiste des États-Unis. Même corrompu, l’actuel président apparaît aux yeux des impérialistes, tout comme l’était Aristide l’incorruptible, trop indulgent avec le peuple haïtien solidaire des résistances anti-libérales et anti-impérialistes de l’ALBA [1]. En fait, l’assassinat du président à Haïti, les agressions multiformes contre le Venezuela, la manifestation ultra-minoritaire à Cuba comme le prolongement du complot qui a viré Dilma Roussef et emprisonné Lula au Brésil, du putsch fasciste en Bolivie contre Evo Morales, des tentatives de déstabilisation du Nicaragua, des meurtres des militants des FARC en Colombie ne sont que des manifestations des efforts pour se maintenir de l’impérialisme yankee soutenu par l’impérialisme européen et Israël. Les libéraux et fascistes pro-impérialistes, dont l’ADN est de maintenir ces pays comme «  arrière-cour » des USA, sont la base sociale de l’historique assujettissement de l’Amérique du Sud à l’Amérique du Nord, aux USA.

La « Révolution colorée » contre Cuba

Mais la résistance cubaine, puis les nouvelles expériences indépendantistes, anti-libérales et antifascistes des pays de l’ALBA commencent à inspirer le Chili dont le peuple vient d’obtenir la fin de la Constitution de Pinochet, le Pérou qui vient d’élire le candidat du parti marxiste-léniniste Peru Libre comme président, la Colombie, vaste base militaire US du « plan condor » pour contrôler toute l’Amérique du Sud, le retour électoral du MAS au pouvoir en Bolivie, etc. Tel est le contexte qui a motivé le lancement à partir de Miami de la « révolution colorée » à Cuba, consécutive au durcissement par Trump suivi de Biden du blocus qui vient de subir le même sort politique que l’invasion de Playa Girón en 1961. Le mouvement international de solidarité pour l’abrogation du blocus illégal et les lois iniques d’extraterritorialité contre Cuba, qui interdisent aux entreprises privées et aux États toute relation commerciale avec Cuba sous réserve de pénalités dans leur commerce avec les USA, doit redoubler d’efforts dans sa mobilisation pour que les USA respectent les nombreuses condamnations de l’Assemblée générale de l’ONU. Que signifie donc la levée du blocus pour Cuba socialiste si ce n’est la possibilité par l’intégration dans le commerce mondial de doter sa puissance scientifique médicale d’une base industrielle planifiée lui permettant de développer la production pharmaceutique et les techniques médicales pour élever le niveau de vie des populations de l’île révolutionnaire ? Le terrorisme d’État US soutenu par l’Union européenne est ici proportionnel à la volonté des multinationales US, des Européens et des Israéliens d’en finir avec le socialisme cubain. Les USA doivent aussi restituer à Cuba le territoire occupé illégalement de Guantanamo transformé en zone de torture et de non-droit dans un silence complice des médias impérialistes et des organisations internationales pourtant friands de désinformation quand il s’agit de la restitution de la Crimée à la Russie suite au coup d’État fasciste en Ukraine. Cuba Si, Yankee No !

Notes :

[1ALBA : Alliance bolivarienne pour les Amériques. L’ALBA , créée le 14 décembre 2004 à La Havane, par une déclaration conjointe signée par Hugo Chávez et Fidel Castro en opposition à la proposition de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), promue par les États-Unis. Elle est entrée en vigueur le 28 avril 2005. Elle compte dix membres : Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, la Dominique, Antigua-et- Barbuda, l’Équateur, Saint-Vincent-et-les- Grenadines, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et- Niévès et la Grenade.