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Collection privée Bruno Drweski

La « nouvelle Guerre froide »

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 28 décembre 2021 à 11:49

À l’initiative du Cercle Barbusse, un débat a récemment offert à Lille de se pencher sur la « nouvelle Guerre froide » imposée par l’Occident aux pays non alignés sur l’impérialisme américain. Retour sur le sujet avec le spécialiste de géopolitique Bruno Drweski.

À l’approche des Jeux olympiques (JO) d’hiver, la campagne des médias mainstream à l’encontre de la Chine s’intensifie. Les informations contradictoires concernant l’enlèvement par les autorités de Pékin de la tenniswoman Peng Shuai en est la dernière illustration. Contestant l’hégémonie américaine, la Chine tout comme la Russie, l’Iran, la Biélorussie ou encore le Venezuela, fait en permanence l’objet d’une propagande de guerre orchestrée par les États-Unis et ses « alliés vassaux de l’Union européenne », selon l’expression de Bruno Drweski.

Guerre chaude de basse intensité

Souvent menée au nom de la défense des droits de l’homme ou des minorités ethniques et religieuses, cette propagande, parfois accompagnée de provocations, de manœuvres de déstabilisation ou encore de sanctions, vise à diaboliser l’adversaire en le présentant comme un danger. Au lieu de « nouvelle Guerre froide » en référence à celle qui opposa, à l’initiative de l’Occident et d’une Allemagne revancharde, deux blocs antagonistes dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Bruno Drweski préfère parler de « guerre chaude de basse intensité ».

Au nom du droit à l’autodétermination

Depuis trente ans et la défaite de l’URSS, « les conflits n’ont en effet jamais été aussi nombreux sur la planète (Irak, Mali, Congo, Libye, Syrie, etc.). Ils répondent à une stratégie de pillages économiques et de contrôle du développement des puissances émergentes. Aux États-Unis, le complexe militaro-industriel est le seul secteur productif à ne pas avoir été massivement délocalisé. Celui-ci a tout intérêt à multiplier les ennemis pour prospérer. Le gouvernement est à sa botte. Il consacre à l’armement un budget colossal. Les États-Unis possèdent un millier de bases militaires en dehors de leurs frontières et ont constitué un véritable “cordon sanitaire” autour de la Chine, de la Russie ou de l’Iran. De ce point de vue, Biden est identique à Trump. Le souci, c’est que cette puissance en déclin se conduit comme une bête blessée au comportement imprévisible de nature à relancer une course aux armements », s’inquiète Bruno Drweski.

À l’heure de la contre-offensive

À la logique de bloc qui prévaut en Occident, les États qui ne leur sont pas inféodés opposent une posture « accordant la primauté à la souveraineté nationale ». Ainsi, 19 d’entre eux ont fondé cet été à l’ONU, le Groupe des Amis pour la Défense de la Charte des Nations Unies afin d’exiger « le droit à l’autodétermination, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, et le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de toutes les nations ». Parmi les signataires : l’Algérie, la Bolivie, Cuba, la Palestine et bien sûr la Chine. « La contre-offensive est à l’ordre du jour », constate Bruno Drweski qui rappelle que cette dernière inscrit sa démarche « sur le terrain du développement et de la coopération mondiale sur un pied d’égalité, sans ingérence et sans contreparties politiques, à partir du principe “gagnant/gagnant” encourageant ainsi le multilatéralisme dans les relations internationales ». Le projet de revitalisation des anciennes routes de la soie (« Une ceinture, une route ») en est la parfaite illustration.