Le clap de fin n’a pas encore mis un terme au mauvais feuilleton de l’élection présidentielle américaine. Donald Trump persiste à s’autoproclamer vainqueur, exacerbant ainsi les tensions. Pendant son mandat, il n’a cessé de diviser et hystériser le peuple américain. Les fausses promesses, les mensonges, notamment sur la Covid-19, les insultes, les violences verbales par exemple envers la presse, les stigmatisations et les discriminations comme la séparation des enfants de leurs parents entrés illégalement aux États-Unis, l’ont jalonné tout du long. Reniant ses promesses électorales de 2016, il a été le président des riches : sa réforme fiscale sur les revenus a tout juste permis aux Américains les moins fortunés d’économiser au mieux 40 euros par an (!) tandis que ceux dont les revenus annuels sont égaux ou supérieurs à 620 000 euros, ont réalisé un gain moyen de 43 179,40 euros. Parallèlement, les contributions fiscales des entreprises ont fondu. Le quotidien américain The New York Times a révélé qu’entre 2017 et 2018, la société de transport de fret FedEx a réduit à zéro son imposition de 1,5 milliard de dollars par an ! Mais parmi les 71,5 millions d’électeurs qui l’ont soutenu, se trouve une grande partie des couches populaires victimes de sa politique. Cela interpelle. Les violentes attaques de Trump contre la Chine, le Mexique ou les travailleurs migrants, pointés comme les auteurs du malheur des salariés américains, ont été des leurres efficaces. Qu’importe si Nike, Apple et autres Ford ont délocalisé massivement vers ces pays pour accroître leurs bénéfices, sacrifiant des centaines de milliers d’emplois et empêchant la création d’autant. Ces réalités n’ont pas éveillé la conscience des électeurs populaires de Trump. Ils sont tombés dans le panneau. Ils ont cru voir en lui un rempart contre l’establishment et l’étranger menaçant. L’irrationnel s’est donc emparé d’une partie de l’opinion américaine, celle « des perdants de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie ». Pour beaucoup d’entre eux, mal formés, précarisés, l’avenir est bouché. Il s’annonce sous la forme d’une lutte incessante pour survivre dans un monde d’adversité où certains ne savent plus qui, des États, de la Bourse, des algorithmes ou des multinationales, gouverne. Ce désarroi et cette inquiétude, Trump et ses affidés les manipulent pour, in fine, façonner un nouveau monde inégalitaire et soumis. Cependant, il s’est trouvé 78 millions d’électeurs pour rester sur les chemins du rationnel en votant pour le Démocrate Joe Biden. Ils ont fait barrage à la dérive néo- fascisante de Trump. Mais comme l’explique très justement John R. MacArthur, directeur du Harper’s magazine dans une interview accordée à La Marseillaise, si Joe Biden n’utilise pas sa victoire pour réduire rapidement les fractures sociales et politiques divisant l’Amérique, alors ce pays et le monde risquent bien de retrouver Trump ou son avatar dans quatre ans. Le trumpisme et la situation américaine ne nous sont pas totalement étrangers. Ils devraient faire réfléchir et réagir la gauche sociale, écologique et les humanistes de notre pays. Face aux crises multiples que nous traversons, nul est à l’abri d’une dérive irrationnelle où le peuple agit contre ses propres intérêts, en ouvrant la voie à ce type d’aventurier anti-démocratique, aux discours anti-système et anti-establishment et, pour certains, xénophobes. Le contre-poison à cette hypothèse est de faire émerger collectivement un réel grand changement démocratique et égalitaire se donnant pour objectif de mettre fin à la précarité en s’appuyant notamment sur des politiques industrielles, environnementales et sociales de progrès servant le bien commun.
La leçon américaine
Publié le 13 novembre 2020 à 13:12