À l’élection municipale de Graz (2e ville d’Autriche) la candidate du Parti communiste autrichien (KPÖ), Elke Kahr, arrive en tête avec plus de 29 % des suffrages et peut devenir maire de la ville. Dans les années 1980, j’ai été invité à me rendre à Graz comme responsable aux relations internationales de la fédération du Nord du PCF. Franz Stephan Parteder et Elke Kahr dirigeaient le Parti communiste en Styrie, province d’Autriche. Avec les autres camarades de leur parti, ils étaient toujours en éveil, prêts à découvrir ce qui bouge dans la société. Ils étaient ouverts au débat, curieux, loin des modèles de toutes sortes. Ils préfiguraient déjà à l’époque une nouvelle génération de militants que nous voyons plus de 30 ans après la chute du mur de Berlin. Je me souviens des débats qu’ils organisaient dans le cadre de mon séjour avec les communistes autrichiens et nombre d’autres militants progressistes. La parole était très libre et les sujets aussi. Je donnais l’avis des communistes français sur nombre de sujets mais parfois aussi le mien quand il était un peu différent. C’était très vivifiant pour la réflexion. À cette époque, pour la première fois, ils ont obtenu deux élus aux élections municipales de Graz (200 000 habitants). Ce succès a été obtenu dans plusieurs quartiers populaires où ils menaient un gros travail sur la question du logement, jamais ralenti depuis cette époque, et en partant des logements insalubres, ils ont élargi leurs interventions à toute la problématique du logement en général. Ils ont mis en place un centre d’appel d’urgence pour les locataires et ont mené aussi des combats juridiques contre les marchands de sommeil et les gros propriétaires commerciaux.
Le « Parti du logement »
Dans ces quartiers, les gens les nomment les militants du « Parti du logement ». Une sacrée reconnaissance ! En 2015 les communistes autrichiens sont désormais 38 à siéger dans des conseils municipaux en Styrie, un nombre en progression par rapport à 2010 (+ 10) et le double par rapport à 2005. Ils ont réussi non seulement à se maintenir dans ses principales bases traditionnelles de Haute-Styrie, mais en plus gagnent des élus dans six collectivités nouvelles. Le KPÖ remporte des scores importants à Eisenerz (19,96 %), Trofaiach (16,86 %), Knittelfeld (15,22 %), Mürzzuschlag (11,72 %), Trieben (11,11 %), St. Stefan ob Leoben (10,75 %), Zeltweg (9,23 %), Spielberg (7,77 %), Kapfenberg (6,93 %), Judenburg (6,74 %), etc. Le KPÖ entre dans les conseils municipaux de sept villes. Ces résultats s’expliquaient par le recul de la « social-démocratie » (SPÖ) dans leurs anciens bastions. La communiste Claudia Klimt Weithaler expliquait que « le SPÖ paie les politiques de réforme » contre sa propre base électorale. Elke et ses nombreux camarades autour d’elle sont devant un nouveau défi : rassembler autour d’une politique municipale au service des gens une majorité d’élus de Graz. Si l’intérêt général prévaut sur les intérêts partisans des autres élus, elle deviendra la première et future maire de la ville. Bon courage ma camarade Elke.
