Ukraine

La confiscation des ports et le risque de l’enclavement

Publié le 6 mai 2022 à 11:05 Mise à jour le 5 mai 2022

La lettre en ligne « Ports et corridors », spécialisée dans l’actualité du transport maritime et de la logistique portuaire, s’interroge sur la stratégie de la Russie qui, en envahissant l’Ukraine, semble vouloir prendre avant tout les ports de la mer Noire de ce pays. Avec des conséquences importantes sur le long terme.

Il est difficile de comprendre la logique de Vladimir Poutine et de l’armée russe. Après sa tentative d’invasion intégrale de l’Ukraine, la Russie dit vouloir plutôt annexer le Donbass. Ce qui ne l’a pas empêchée de pilonner à nouveau Kiev alors que le secrétaire général de l’ONU y était présent. Mais surtout, observe « Ports et corridors », elle ne cesse de frapper la frange terrestre qui borde la mer Noire. Elle vient aussi de reprendre ses bombardements sur le port d’Odesssa. À l’est de l’Ukraine, le Donbass ne dispose pas d’accès la mer. Cependant, écrit notre confrère, « la Russie continue son avancée vers le sud du pays. Les troupes russes contrôlent toute la partie maritime de l’Ukraine allant de Marioupol à Kherson, en passant par Berdiansk et Mykolaev. Le dernier port encore sous contrôle du gouvernement ukrainien reste celui d’Odessa. Or, Odessa tout comme Mykolaev sont les deux ports de débouchés de l’Ukraine, notamment pour les céréales. (…) Alors, après avoir mis la main sur la Crimée en 2014, la Russie semble vouloir couper l’accès à la mer de l’Ukraine ». En d’autres termes, le risque pour l’Ukraine est de devenir un pays enclavé avec les conséquences que cela suppose pour son économie qui serait fragilisée sur le long terme. Selon la Cnuced [1], les pays qui n’ont pas d’accès à la mer perdent en moyenne 1,5 point de croissance par an. Dans l’immédiat, avec la présence russe sur la façade portuaire (entre Odessa et Marioupol), l’Ukraine n’aura d’autre choix, pour exporter se céréales, « que de passer par les ports de Constanta (en Roumanie – ndlr) ou de remonter vers le nord de l’Europe, voire d’emprunter des installations portuaires sous contrôle de la Russie. Un constat qui se décline sur l’ensemble de l’économie nationale destinée à l’exportation ». Autre alternative possible : le port de Klaipėda, en Lituanie. Pour l’heure, l’Ukraine utilise la voie ferrée pour exporter ses céréales. Les autorités ukrainiennes annoncent 600 000 tonnes par mois qui pourraient être transportées par train en direction de l’Europe. Mais quoi qu’il en soit, les solutions alternatives ne pourraient lui permettre de retrouver le niveau d’exportation connu avant le conflit.

Notes :

[1Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.