Anticipant le sabordage du Parti communiste de Grande-Bretagne né de la Révolution d’Octobre, des militants se revendiquant du marxisme-léninisme fondaient en 1988 le CPB. « Nous sommes aujourd’hui 1 200 membres sans compter les 500 adhérents de la Ligue des jeunes communistes (Young communist League) en plein essor », précise Alex Gordon, un militant londonien par ailleurs dirigeant du syndicat des transports RMT. En novembre 2021, son 56e congrès aurait été « le plus important depuis les années 1980 en raison de la croissance des effectifs ». Le CPB rayonne sur l’ensemble du Royaume-Uni hormis l’Irlande du Nord « occupée par les troupes britanniques, mais nous militons aux côtés du Parti communiste irlandais. Les communistes irlandais vivant en Angleterre participent souvent à nos actions. Nous travaillons aussi avec l’Association Connolly, une organisation de solidarité avec les républicains irlandais », souligne Nick Wright, un militant du CPB, rencontré à Douvres à quelques jours des festivités liées au jubilé de la reine Elizabeth II. Républicain, le Parti « envisage l’abolition de la monarchie, de ses privilèges et la fin du serment de fidélité à la couronne, pour lui substituer une fidélité au peuple et à l’État socialiste que nous appelons de notre vœu », poursuit Nick Wright. Son organe, le Morning Star, ne s’est d’ailleurs pas répandu sur cet anniversaire.
En lutte contre l’austérité
En raison notamment « de notre système électoral à un tour, nous avons eu des succès limités : une demi-douzaine de sièges de députés en un siècle, dont deux après la Seconde Guerre mondiale ». Bien que disposant d’une influence électorale limitée, le CPB reste bien implanté dans les milieux syndicaux, conformément à la tradition britannique. Aussi ses militants sont-ils activement engagés dans le combat contre l’austérité. Le samedi 18 juin, ils appellent à rejoindre la marche organisée par le mouvement syndical (Trade union congress/TUC) à Londres (voir par ailleurs). « Nous travaillons en partenariat avec un large éventail de forces comme l’aile gauche du Parti travailliste incarnée par Jeremy Corbyn », assure Nick Wright. Le Gallois Robert Griffith, son secrétaire général, admettait d’ailleurs l’an dernier que « la classe ouvrière de Grande-Bretagne a besoin d’un parti de masse de centre-gauche capable de s’opposer à la contre-offensive de la classe dirigeante et de remporter les prochaines élections générales ».
L’internationalisme au cœur
Fidèle à la tradition du mouvement ouvrier, le CPB est largement engagé sur le terrain de l’internationalisme prolétarien et entretient des relations avec de multiples organisations communistes de la planète (Inde, Chypre, Pakistan, Grèce, Iran, Irak, Chili, Soudan, etc.). Il revendique l’indépendance de la Palestine et manifeste sa solidarité avec Cuba socialiste ou encore la Chine dans le cadre de la campagne « Pas de nouvelle Guerre froide ». Favorable à la sortie « de l’Union européenne par la gauche », il demande aujourd’hui à la Grande-Bretagne de quitter l’Otan et s’oppose au pacte Aukus du nom d’une alliance militaire conclue à l’été 2021 entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Si le CPB a dénoncé l’intervention russe en Ukraine, il a pareillement pointé du doigt l’écrasante responsabilité des États-Unis et de l’Otan dans le déclenchement du conflit.
Marche à Londres, ce samedi 18 juin
« We demand better ! »
« We demand better ! » (« Nous demandons mieux ! »), telle est l’exigence qui sera portée par les manifestants qui défileront ce samedi 18 juin à Londres à l’appel du Trade union congress (TUC)/Congrès des syndicats). L’organisation qui fédère les syndicats britanniques a reçu de nombreux soutiens dont celui du CPB. Une véritable augmentation des salaires, le respect et la sécurité pour tous les travailleurs, l’interdiction des contrats « zéro heure », la fin du racisme au travail, la taxation des bénéfices énergétiques pour payer les factures, le renforcement des droits en matière de négociation syndicale figurent au premier rang de leurs revendications. « Les travailleurs en ont assez. Tout augmente sauf nos salaires. Les ministres ont fait la fête pendant que les gens mourraient. Ils n’ont rien fait pendant que P&O Ferries licenciait des travailleurs sur place, ni réagi rapidement à l’effondrement de notre niveau de vie », rappellent les organisateurs de cette marche.