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SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN !

La France doit avoir une attitude digne et ferme

par AURY THIERRY
Publié le 21 mai 2021 à 13:23

Une nouvelle fois, des images terribles nous viennent de Gaza, avec des bombardements meutriers de l’armée israélienne, des centaines de victimes innocentes parmi lesquelles de nombreux enfants, des équipements publics, des maisons détruites, alors même que ce tout petit bout de territoire connaît déjà un blocus total inhumain depuis des années. Mais une nouvelle fois, nous est assénée, à travers les communiqués officiels du gouvernement français comme de beaucoup d’autres États occidentaux, une version totalement scandaleuse des faits : ces missiles, ces attaques sanglantes ne seraient que « la riposte légitime » au lancement de roquettes du Hamas sur Israël. Il est donc indispensable de rappeler les faits, les causes de cette guerre sans fin : l’occupation et la colonisation de territoires palestiniens par Israël, en violation flagrante de nombreuses résolutions internationales. Ceux qui lisent sur Facebook les publications quotidiennes de Ziad Medhoukh, ce professeur de français de Gaza, qui mène un travail formidable auprès des enfants de ce « territoire-prison  », savent que les bombardements israéliens et leur cortège de destructions, de blessés, de morts, les tirs sur des bateaux de pêche, activité traditionnelle vitale de ce territoire, ont lieu tout au long de l’année, sans que des « roquettes » ne soient tirées. Ajoutons-y le blocus infligé à ce tout petit territoire (360 km2 soit moins que l’agglomération de la Porte du Hainaut !) mais surpeuplé avec deux millions d’habitants et des conditions sanitaires, économiques, environnementales désastreuses !

Épuration ethnique

À cette situation imposée à ce morceau de territoire palestinien qu’est Gaza, s’ajoute la poursuite méthodique et brutale de la colonisation sur les autres territoires palestiniens : ainsi, ces dernières semaines, c’est la destruction de maisons palestiniennes, l’expulsion de leurs habitants et ce qu’il faut bien appeler une volonté d’épuration ethnique de Jérusalem-Est (dans le quartier de Cheikh Jarrah notamment) qui a provoqué la réaction et les manifestations de la jeunesse palestinienne, manifestations pacifiques mais violemment réprimées par la police et l’armée israélienne. Provocation suprême et délibérée du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, l’intervention brutale sur l’esplanade des Mosquées, considérée par les musulmans comme le troisième lieu saint de l’Islam (là où se trouve la mosquée Al-Aqsa et le célèbre Dôme du Rocher), en pleine Nuit du Destin, un des moments les plus sacrés de cette religion... Rappelons pourtant que Jérusalem-Est (avec la vieille ville et cette esplanade des Mosquées) est considérée par toutes les résolutions internationales comme la future capitale d’un État palestinien souverain ! Enfin, la colonisation se poursuit en Cisjordanie, ce troisième morceau de la Palestine historique dont les Accords d’Oslo de 1993, entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin (assassiné en 1995 par un colon d’extrême droite israélien) et Yasser Arafat, le leader de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) avait pourtant fait le cœur du futur État palestinien : le gouvernement israélien favorise méthodiquement l’installation de colonies (avec aujourd’hui 700 000 colons sur-armés !), bénéficiant d’un accès privilégié à l’eau, reliées entre elles par des routes spéciales interdites aux Palestiniens, tandis que les villes et les terres palestiniennes sont encerclées et morcelées par un mur de 700 kilomètres : une situation évoquant les bantoustans d’Afrique du Sud où étaient cantonnées les populations noires à l’époque du régime d’apartheid. C’est cette accumulation d’humiliations, de répression permanente (près de la moitié des hommes palestiniens de plus de 18 ans ont été emprisonnés au moins une fois dans leur vie !), cette injustice fondamentale que constitue l’impossibilité de constituer un État souverain qui est la cause de cette guerre qui n’en finit pas et broie des vies humaines. Soulignons que le refus du gouvernement israélien, encouragé par la complaisance de la plupart des grandes puissances occidentales - mais aussi des gouvernements réactionnaires arabes - de respecter les résolutions internationales prévoyant la création d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël, aboutit aussi à une insécurité pour les Israéliens eux-mêmes : comme l’a écrit l’écrivain israélien David Grossman, « les Israéliens n’auront pas de foyer tant que les Palestiniens n’auront pas le leur ». Fait nouveau de la situation d’ailleurs, c’est la population arabe d’Israël (20 % de la population) qui se soulève aussi, ne supportant plus le statut de sous-citoyen qui lui est imposé par le pouvoir israélien qui a renforcé, au fil des années, une conception raciste et religieuse de l’État d’Israël.

Une injustice historique

Il y a donc urgence à imposer enfin la résolution de ce conflit et comme citoyens français nous devons exiger une attitude digne et ferme de notre pays, un des cinq membres du Conseil de Sécurité :

  • L’accord d’association entre Israël et l’Union européenne permettant à Israël de bénéficier d’un véritable statut de 28e membre de l’UE sur les plans économique et de coopération dans tous les domaines, doit être suspendu immédiatement et aussi longtemps qu’Israël ne respectera pas les résolutions internationales.
  • La France doit reconnaître enfin l’État palestinien comme cela a été voté par notre Parlement et le Parlement européen.
  • Des sanctions économiques et un boycott des relations avec Israël comme cela avait été fait avec l’Afrique du Sud de l’apartheid, doivent être décidés.
  • Les milliers de prisonniers politiques palestiniens doivent être libérés à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Marwan Barghouti, le Mandela palestinien. Et comme citoyennes et citoyens, nous pouvons aussi intervenir concrètement :
  • En interpellant les élus, à tous les niveaux, pour qu’ils relaient ces exigences, par exemple à travers le vote de vœux dans les conseils municipaux.
  • En participant aux actions de BDS, « Boycott-Désinvestissement-Sanctions » (voir www.bdsfrance.org) comme nous l’avions fait il y a 40 ans sur les produits en provenance de l’Afrique du Sud raciste. La situation en Palestine résulte du plan de partage décidé par l’ONU en 1947 visant à créer deux États sur cette terre : depuis cette date, seul l’État d’Israël a pu se constituer et s’étendre largement au-delà de ce qui était prévu dans ce plan de partage. Il est grand temps que la communauté internationale fasse appliquer la totalité des résolutions votées par l’ONU et répare cette injustice historique infligée au peuple palestinien.
Thierry AURY, secrétaire fédéral PCF de l’Aisne

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Palestine Israël