C’est bien ce message « oui la paix est possible », adressé aux Irakiens, aux peuples de la région mais aussi à l’ensemble des responsables politiques au plan mondial, qu’a lancé le Pape à l’occasion de son voyage en Irak. En déclarant « que se taisent les armes, que leur prolifération soit limitée ici et partout, que cessent les intérêts partisans de pays extérieurs qui se désintéressent complètement de la population locale » mais aussi « assez de violences, d’extrémismes, d’intolérances (…) de corruption (…) il faut édifier la justice », le Pape a nommé les causes principales des violences et de la guerre et a esquissé également des solutions en appelant à construire un monde de justice et de Paix, car pour lui, justice et Paix sont liées.
Un Pape qui continue de s’engager pour la Paix
Sans idéaliser la situation, ni les conséquences immédiates en termes de sécurité pour les populations de la région, on ne peut que se réjouir et se féliciter de cette visite et de ces paroles. Cela bien sûr, quelles que soient ses opinions et ses appartenances philosophiques, religieuses, syndicales ou politiques, qu’on soit croyant, agnostique ou athée. Après l’encyclique « Fratelli tutti », ces déclarations ne sont pas étonnantes, dans la mesure où le Pape y affirmait : « Avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial en vue d’éradiquer une bonne fois pour toute la faim et pour le développement des pays les plus pauvres. » (Fratelli tutti, §262) Cela correspond aussi à l’engagement de la diplomatie du Vatican aux Nations-Unies pour le TIAN, Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires. Le Vatican fut l’un des premiers États membres de l’ONU à ratifier ce traité, le 20 septembre 2017.
L’Irak, un pays meurtri par 30 ans de guerres
Aussi, cette intervention en Irak est très forte d’un point de vue géopolitique. Certes, le Pape vient réconforter les communautés chrétiennes dont les effectifs ont été très fortement réduits ces dernières années, passant de près d’un million et demi à quelques centaines de milliers. De même, il opère un rapprochement avec différentes communautés musulmanes, notamment le chiisme duodécimain, en rencontrant l’Ayatollah Ali Al Sistani. Mais en venant prôner la paix en Irak, le Pape rappelle également que ce pays a connu plusieurs guerres ces dernières années, attisées par « les intérêts partisans de pays extérieurs » : en 1991, avec la « Guerre du golfe », puis durant une décennie de bombardements et d’embargos ; en 2003, avec l’opération « Terreur et effroi », où 30 000 bombes et 20 000 missiles se sont abattus sur le pays ; ensuite, avec l’occupation et la guerre civile. Selon certains décomptes, 3,3 millions de personnes auraient perdu la vie lors de ces conflits… déclenchés par des responsables politiques et militaires des États-Unis ! En une trentaine d’années, on est passé d’un pays ayant le plus haut niveau de vie du Moyen-Orient à un champ de ruines. Voilà les effets de la politique de guerre. Alors disons : bravo au Pape ! Oui la paix est possible en Irak, au Moyen-Orient et ailleurs ! Comme pour l’ensemble de l’Humanité il n’y a pas d’avenir sans justice et sans paix, conformément aux principes de la Charte des Nations-Unies visant à garantir une sécurité collective. Citons par exemple, sur le désarmement, à l’article 26 : « favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde. »
Pierre-Olivier POYARD est membre du Conseil national du mouvement de la Paix. À paraître : Osez la paix, agir contre les guerres aux Peuples et à la Nature, Cultiver un monde de Paix, aux éditions Le temps des cerises.
