Horrible année (partie 2)

2020, la lutte sur fond de crise sanitaire

Publié le 31 décembre 2020 à 10:53 Mise à jour le 30 décembre 2020

Passage en revue des principaux événements du second semestre 2020. Luttes sociales, espoirs et anniversaire du Parti communiste. La pandémie, dont la troisième vague s’annonce avec un nouveau confinement, n’empêche rien.

Photo 1 : Gisèle Halimi.
© Marie-Lan Nguyen

Mort de Gisèle Halimi. C’est une très grande avocate (celle par exemple des combattantes du FLN et plus tard du palestinien Marwan Barghouti) mais aussi une ardente défenseure des droits des femmes qui nous quitte ce 28 juillet (photo 1). Liberté Hebdo, dans son édition du 31 juillet, demande à plusieurs femmes communistes de s’exprimer sur Gisèle Halimi. Toutes rappellent et insistent sur le rôle fondamental qu’elle a joué dans la lutte pour l’émancipation, l’égalité, le droit à l’avortement à une époque où ce n’était pas facile du tout. « Ne vous résignez jamais  », avait-elle écrit dans son livre autobiographique.

Éric Dupond-Moretti ministre de la Justice. Le 6 juillet, le tribun des prétoires, surnommé « acquittator », raccroche sa robe d’avocat pour devenir garde des Sceaux en remplacement de Nicole Belloubet. Tandis que les magistrats l’accusent de conflit d’intérêts dans l’affaire de écoutes et ne tardent pas à exprimer leur colère, surtout après l’ouverture d’une enquête contre trois des leurs, au PNF, les avocats rappellent leurs revendications et leurs attentes en matière de moyens pour la justice, tant humains que matériels. Éric Dupond-Moretti assure avoir obtenu des garanties de la part du Premier ministre en matière de budget. En octobre, le gouvernement annonce une enveloppe de 41 millions d’euros et des effectifs supplémentaires dans tous les domaines. Les magistrats poursuivent leur fronde contre le ministre et déposent une plainte en décembre pour conflit d’intérêts.

Photo 2 : Camaïeu
© Philippe ALLIENNE

Reprise de Camaïeu. À compter du 20 juillet, les salariés de l’entreprise de prêt-à-porter féminin Camaïeu se mettent en grève. Leur entreprise est en redressement judiciaire depuis le mois de mai. Les salariés mettent la pression. Ils s’opposent à un projet de reprise déposé par la direction elle-même (elle le peut grâce à une ordonnance Macron prise en mai dans le cadre de la crise sanitaire). Les syndicats lui préfèrent le projet porté par la Financière immobilière bordelaise. Le 17 août, le tribunal de commerce de Lille va dans leur sens (photo 2). Ils y voient un camouflet contre l’ordonnance du 20 mai. La FIB proposait de garder 2 659 salariés sur les 3 900 et 511 points de vente. Cette reprise intervient dans un contexte beaucoup plus morose pour de nombreuses autres enseignes (Damartex, Phildar, Alinéa…).

Photo 3 : Ascoval Saint-Saulve
© Morpheus Communication

Fin de crise pour Ascoval Saint-Saulve. Fin juillet, après des mois d’incertitude sur son sort, l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve apprend qu’elle est incluse dans la reprise de France Rail Industry par le groupe britannique Liberty Steel. Les 270 salariés peuvent reprendre espoir. Après modification du process (la coulée continue), elle peut fabriquer des barres pour l’usine d’Hayange et l’industrie ferroviaire. De nouveaux marchés s’ouvrent avec embauches à l’appui (photo 3).

Rentrée des communistes à Malo. C’est à Dunkerque, au Palais des Congrès de Malo-les-Bains, que le Parti communiste français a fait sa rentrée le 29 août. Environ 500 participants étaient présents pour assister aux discours et aux ateliers (photo 4) tout en respectant les distances et gestes barrière. À l’issue de son allocution, le secrétaire national Fabien Roussel a entrouvert la porte à une possible candidature communiste à la présidentielle de 2022. Pour cette élection comme pour les législatives de 2021, il a aussi appelé au rassemblement autour d’un projet à la hauteur des défis de civilisation posés par la crise sanitaire et économique. Quelques jours plus tard, avec les cinq secrétaires fédéraux des Hauts-de-France, il signait une tribune pour, dans l’union, relancer la région en engageant « une dynamique citoyenne lors des prochaines élections régionales et départementales ».

Photo 4 : la rentrée des communistes à Malo (Dunkerque)
© Philippe ALLIENNE

La colère des soignants. Alors que les soignants se battaient depuis de longs mois pour réclamer davantage de moyens en faveur de l’hôpital public et du système de santé, la crise sanitaire a révélé plus que jamais les conséquences de la politique libérale. Pour autant, le Ségur de la Santé ne répond pas aux demandes des hospitaliers et les professionnels craignent l’arrivée de la seconde vague de covid sans que les soignants soient mieux armés. En août, le médecin anesthésiste Arnaud Chiche (polyclinique d’Hénin-Beaumont), crée le collectif « Santé en danger », dénonce un « scandale d’État » à propos de la gestion de la crise, et réclame vainement un « Ségur II ». En septembre, un meeting unitaire se tient à la Bourse du travail de Lille pour défendre le droit à la santé en Europe. Il réunit notamment des représentants du mouvement belge « La santé en lutte » et la présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Michèle Leflon.

photo 6 : Bridgestone Béthune
© Philippe ALLIENNE

Bridgestone-Béthune  : une fin préméditée. Le fabricant japonais de pneumatiques annonce la fermeture du site de Béthune (863 emplois) pour avril 2021. Il déclenche un tollé chez les élus et les syndicats. La sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly dénonce une « fermeture préméditée ». Le dimanche 4 octobre, une marche silencieuse réunit 1 500 personnes à Béthune (photo 6). Au fil des semaines, des alternatives et possibilités de reprise se profilent.

Pluie de dossiers sociaux. Un mouvement de grève débute chez ArcelorMittal à partir du 3 octobre. Après l’usine de Mardyck, il s’étend aux sites de Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Saint-Chely-d’Apcher, etc. Les salariés se battent pour les salaires et les conditions de travail. Ils veulent une prime de 2 000 euros et la couverture à 100 % du salaire en cas d’activité partielle. Ils mettent en cause le sous-effectif et un sous-investissement récurrent. La direction joue le pourrissement. Le mouvement est suspendu à la fin du mois. Des négociations doivent s’ouvrir au sein d’ArcelorMittal France et d’Arcelor Méditerranée. Dans la région, on note de nombreux autres mouvements contre des PSE (Mulliez, AGC Glass France, Carambar, Griss Emerson, etc). Chez Jetlane, qui fabrique les vélos B’Twin à Lille, on se soulève le 7 octobre pour la convention collective ; à Valenciennes, après plusieurs jours de grève, les salariés d’ONET qui assurent le bionettoyage du centre hospitalier obtiennent le 23 décembre le doublement de la prime trimestrielle et reçoivent une promesse de titularisation pour un tiers des CDD. Le groupe Vallourec restructure et sacrifie 350 emplois en France dont 130 dans le Nord. Chez Cargill Haubourdin, les lettres de licenciement pour les salariés touchés par le PSE leur arrivent avant Noël.

Photo 7 : manifestation contre la loi "sécurité globale"
© Philippe ALLIENNE

Reconfinement, couvre-feu et lutte contre la loi « sécurité globale ». Tandis que la France est de nouveau confinée du 29 octobre au 15 décembre, avant l’instauration d’un couvre-feu, d’importantes manifestations protestent contre le projet de loi « sécurité globale » (photo 7).

Le PCF a cent ans. Liberté Hebdo consacre un cahier spécial (n°1457) pour le centenaire du congrès de Tours (25 décembre 1920) et l’avenir du PCF (photo 8).

Photo 8 : numéro spécial centenaire du PCF.

Lire la rétrospective du premier semestre de l’année 2020.