Avec LREM, c’est le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Quoi qu’il arrive, en bout de course, leur majorité est largement suffisante. De quoi ont-ils donc peur, en fait ? Le nombre d’amendements fait peur parce qu’il oblige à ralentir les débats. Une manœuvre qui, visiblement, effraie la majorité. Le rendez-vous des municipales ajoute à l’angoisse des parlementaires. Ils ont fort à faire dans leurs circonscriptions pour sauver les meubles. Et pour beaucoup, plus pragmatiques que jamais, l’affaire doit aller à son terme le plus rapidement possible. Sans débat, c’est encore mieux. Les députés du Nouveau monde ont de plus en plus des costards, ou des tailleurs, de cadres de Wall Street en mission. Prêts à passer à la suivante après la petite caresse récompensant la réussite de celle qui s’achève à peine. Une armée de juristes n’arriverait pas à leur faire aimer la démocratie.
Ce n’est pas le nombre d’annuités
La culture classique manque, elle fait cruellement défaut. C’est visible. Comme un Meyer Habib, injurieux, sexiste, s’insurgeant pour un flashmob, perdant toute mesure, tel un dominant décontenancé. Nous ne sommes plus, heureusement, au temps des duels. Mais, du coup, l’outrance n’a plus de limites. Revenons au débat. La petite musique que laisse entendre la majorité serait que l’opposition, faible en nombre, bloque tout le travail de l’Assemblée par des amendements simplement destinés à faire obstruction. Voilà du coup les députés LREM pris en otage.
La manœuvre, subtile, serait destinée à pousser le gouvernement à balayer l’opposition d’un revers de manche. Ainsi, les bancs des députés LFI et de la GDR se gonfleraient de cris d’orfraie en se disant muselés, pire, bâillonnés. Bref, le tout pour faire croire que les marcheurs se moquent de la démocratie.
Un scénario invraisemblable ! Dans un contexte de mobilisation générale contre le projet de réforme des retraites, où même la droite républicaine réclame un débat sérieux, digne, tout le monde souhaite un débat véritable, sincère et franc. Et que le gouvernement dise enfin ses véritables intentions. Il n’y a donc que les députés de la majorité et le gouvernement qui aient intérêt à ce que le débat s’efface sous le couperet d’un 49-3. Pour deux raisons, la première est d’éviter que le débat perdure jusqu’au premier tour des municipales. Et qu’ensuite, tant que le projet n’est pas réglé devant les parlementaires, le gouvernement ne veut pas avancer sur le projet suivant de casse sociale. Et, sauf événement majeur, La République en marche n’a plus guère que deux ans devant elle pour faire passer un cortège de mauvaises nouvelles.
La Constitution prévoit tout, y compris de se priver de l’avis des députés quand le gouvernement juge que la situation ne lui est pas favorable, comme sous la menace d’une motion de censure, ou s’il y a un risque que la majorité ne soit pas assurée. C’est l’engagement de responsabilité du gouvernement pour éviter un vote lors d’un projet de loi. Quand une formation politique est dans l’opposition, l’article est souvent considéré comme un déni de démocratie. Michel Rocard y eut recours 28 fois.